Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et le président Barack Obama ont exprimé vendredi à la Maison-Blanche leurs divergences sur le processus de paix et celles-ci risquent d'annoncer des élections anticipées en Israël, estimait hier la presse israélienne. “Sommet de la froideur”, titrait en page de couverture le Yedioth Ahronoth, principal quotidien du pays. “Les deux dirigeants étaient immobiles sur leurs fauteuils, le visage fermé, comme deux statues de cire (...) évitant de se regarder”, écrivent les deux journalistes vedettes du journal, Shimon Shiffer et Nahoum Barnéa. “Tous deux savent envelopper les choses, mais tous deux avaient intérêt à exposer la tension”, ajoutent-ils. Obama a suscité le désaccord de son hôte en se prononçant jeudi pour la première fois pour un Etat palestinien sur la base des lignes de 1967, “avec des échanges sur lesquels les deux parties seraient d'accord”. Le journal de gauche Haaretz souligne que M. Netanyahu a longuement, et devant les caméras du monde entier, “fait la leçon” à M. Obama “afin de l'avertir que son plan de paix est illusoire et peut conduire à une autre catastrophe pour le peuple juif”, en allusion à la Shoah (le génocide nazi). Et d'énumérer les quatre “non” formulés par M. Netanyahu: “non aux lignes de1967, non à des négociations avec le Hamas, non au retour des réfugiés palestiniens dans l'Etat juif d'Israël, non à un retrait israélien de la ligne du Jourdain”. Ben Caspit, l'éditorialiste du Maariv (populaire), y voit “la plate-forme d'une campagne” pour des élections législatives anticipées en 2012, alors que la législature s'achève normalement en octobre 2013. “Netanyahu est convaincu que l'opinion le suivra sur ces points. À son retour en Israël, il s'efforcera immédiatement de convaincre le parti Kadima (opposition centriste) de rallier la coalition gouvernementale, et si ces efforts échouent comme il faut s'y attendre, il ne faut pas exclure des élections anticipées”, écrit-il. Selon le quotidien Jerusalem Post, marqué à droite, “les nouveaux paramètres fixés par le président américain montrent qu'il est aveugle à ce que signifie (pour Israël) le droit au retour (des réfugiés palestiniens) et ignore l'intolérance palestinienne”.