On estimait, fin 2010, que l'Algérie comptait environ 1400 agences bancaires, soit une agence pour 25 000 habitants. Jusqu'à 2010, les trois quarts des nouvelles agences inaugurées étaient à l'enseigne des banques privées. BNP Paribas et la Société Générale sont les plus en vue dans ce domaine avec pour chacune d'entre elles plus de 70 agences opérationnelles et des objectifs d'une dizaine d'ouvertures par an. Comparé aux publics, les réseaux bancaires privés sont en plein boom avec l'ouverture de près d'une centaine d'agences chaque année. L'explication réside en un seul mot : prestations de services. Il faut dire que les banques publiques, en dépit de leurs gros efforts ces dernières années, restent de manière générale défaillantes en matière de prestations de services. Beaucoup de clients et d'opérateurs se plaignent de l'accueil, des lenteurs à recevoir un chéquier ou du délai de traitement d'un dossier de crédit, voire de l'accès difficile à un financement. Pour s'en convaincre, il suffit de faire un tour des agences bancaires. La première constatation faite concerne l'accueil du client. À notre arrivée, à midi, dans une agence de banque publique à Alger-centre, plusieurs guichets étaient déserts et les clients attendaient le retour des employés partis déjeuner tout en sachant que les banques travaillent normalement de 9h à 15h30. “Les agences n'ont aucune considération pour les clients”, s'indigne un client qui s'impatientait. Relevant les carences et lenteurs des banques algériennes, ce client encensera les prestations des banques étrangères installées en Algérie. Les clients ne sont pas avares en critiques concernant les prestations, notamment les délais exagérés dans la remise des chéquiers. Au niveau de la même agence, on reconnaît cette carence, mais on insiste sur les améliorations enregistrées en la matière. Au jour d'aujourd'hui, la remise du chéquier prend au maximum un mois et demi. La raison, selon le préposé au guichet, réside dans le fait que la réalisation de ces chéquiers soit centralisée et confiée à la Satim. L'agence se défend donc d'être à l'origine de ces retards de remise aux clients. Le même argumentaire nous a été livré au niveau d'une agence d'une autre banque publique visitée. Le responsable de cette agence nous a expliqué que la commande de chéquiers suit un circuit bien précis. L'agence ne passe commande qu'après avoir enregistré un certain nombre de demandes. Ensuite, la demande est adressée à la structure régionale de la banque qui, elle, passe commande auprès de la Satim. Ce circuit est bouclé au maximum en un mois et demi. Un délai qui semble très loin des délais des banques privées qui ne dépassent pas quelques jours. Interrogé sur la question, un responsable d'une agence BNP qui s'est refusé à commenter la situation des banques publiques, se contentera d'indiquer que sa banque se soucie de mettre en place la logistique nécessaire pour satisfaire le client dans les meilleurs délais. L'ouverture d'un compte devises est devenu une simple formalité. Il suffit d'en faire la demande avec un dossier minimum (extrait de naissance, résidence). Mais cette opération semble plus aisée dans les banques publiques. En effet, que ce soit à la BNA ou le CPA, l'alimention de départ du compte n'est plus réglementée alors que dans les banques privées un seuil minimum est exigé. Ce seuil est de 500 euros au niveau de la Société Générale Algérie. Concernant le crédit entreprises, la démarche semble être la même autant dans les banques publiques que privées. Comme l'expliquent nos différents interlocuteurs, ces crédits sont ciblés de manière à exclure les candidats porteurs d'opérations ponctuelles. L'intérêt de la banque, selon le responsable d'une agence BNA, est de travailler dans la durée. Les prestations bancaires offertes aux particuliers et aux entreprises sont-elles accessibles en termes de coûts ? L'ouverture d'un compte bancaire est gratuite au niveau de toutes les banques exerçant sur la place. Il suffit juste d'alimenter ce compte avec un minimum de fonds. Le chèque ou la carte bancaire sont également délivrés gratuitement, même si des frais d'expédition sont demandés aux clients. Les opérations de versement sont également gratuites, jusqu'à un certain montant. En revanche, la gestion du compte, les transactions effectuées et les diverses autres prestations ne le sont pas. Alors que l'ouverture du compte ne coûte rien, la gestion de ce compte (tenue, fermeture…) nécessite le prélèvement direct d'une commission de gestion annuelle. Cette commission ne dépasse pas cependant les 200 à 300 DA pour les clients des banques publiques. De même, les transactions effectuées, telles que les virements, l'encaissement d'un chèque, le chèque de banque, le retrait, ne sont pas gratuites. Elles sont à la charge des clients. Les tarifs diffèrent d'une banque à une autre. Mais ils restent plus chers au niveau des banques privées. Pour le chèque de banque, le coût est moindre dans le secteur public. En effet, la banque publique demande cinq à six fois moins cher que la banque privée pour un chèque garanti. Certifié, un chèque revient à 175 DA à la CPA alors qu'il revient à 940 DA à SGA. Pour les crédits bancaires aux entreprises, le coût d'un crédit d'exploitation, en termes d'intérêt, est plafonné à hauteur de 10%. Quant aux crédits d'investissement, accordés pour une durée assez longue, le coût est inférieur de deux points à celui de l'exploitation. La gestion du crédit, notamment documentaire, exige d'autres frais, à la charge de l'entreprise. Des commissions sont perçues notamment pour le transfert, la domiciliation bancaire, la notification, la modification pour une lettre de crédit. Ces frais sont assez importants alors que la ligne de crédit est limitée dans le temps. Ainsi, une domiciliation représente-t-elle un coût de l'ordre de 3 500 DA et le swift, en cas de modification, de 3 600 DA. Quant à la commission d'ouverture, son taux est de 0,2 % en cas de fonds propres et varie de 0,6% à 0,9% pour des fonds d'origine bancaire. Pour ce qui est de la monétique, il faut reconnaitre les énormes progrès accomplis par les banques. La mise en place d'un système de paiement moderne a permis de raccourcir les délais de traitement des opérations. Le système de télé compensation a permis l'encaissement d'un chèque ou de bénéficier d'un virement au terme de J + 2 ou J + 3. Toutes les banques délivrent assez rapidement à leurs clients la carte interbancaire (CIB). Plafonnée à dix mille dinars la carte standard est délivrée sans aucune condition. Actuellement, seule la BEA détient les trois cartes de la monétique internationale, à savoir American Express, Visa et Master card.