Résumé : Zouina avait flairé un air malsain chez sa fille. Que manigançait-elle donc ? Va-t-elle fuguer ? Elle la prit à l'écart et lui tint un discours des plus disuasifs. L'honneur de leur famille ne devrait jamais être souillé. Quelle qu'en soient les raisons, elle devrait respecter les principes ancestraux. 48eme partie Ghenima appelle Aghiles. Le petit garçon souriait de toutes ses petites dents et semblait heureux de voir sa tante enfin revenir vers lui. Il se blottit contre elle, et mit ses deux menottes autour de son cou. Ghenima le serre très fort et se met à le chatouiller. L'enfant riait comme chaque fois que sa tante daignait s'amuser avec lui. Il semblait si heureux, si plein de vie. - Tu ne dors pas encore ; hein bébé, allez viens que je te chante une berceuse. L'enfant s'y prête de bon cœur et Ghenima se met à le bercer en fredonnant une vieille rengaine qui racontait l'histoire tumultueuse de deux animaux sauvages qui se disputaient une gazelle. Son cœur saignait. Elle était cette gazelle prise entre les griffes d'un animal, car les traîtres ne manquaient pas dans la forêt où elle résidait. Aghiles s'était endormi. Son visage angélique lui fait venir les larmes aux yeux. Elle le serre encore un moment contre elle, avant de se lever pour le tendre à Fatiha. - Mets-le au lit, il dort comme un petit ange. Zineb rappelle ses enfants et les entraîne vers sa chambre. Belkacem semblait attendre son père. Mais ce dernier avait dû rencontrer quelque vieille connaissance, ou bien Aïssa l'avait invité à partager son dîner, question de fêter son mariage. Le jeune homme faisait de grands pas dans la cour et Ghenima l'entendit même vociférer. Chose qui lui arrivait très rarement. Belkacem était un homme calme, posé et bien éduqué, qui respectait sa famille et son entourage. Quelle journée, se dit-elle, et pour elle, elle n'était pas encore finie. Da Kaci, rentre en fin de compte chez-lui. Il brandit sa canne à l'intention de son fils et lui fait signe d'aller rejoindre sa chambre. Belkacem interdit lui jette un mauvais regard. Mais son père semblait assez mal au point pour ce soir pour tenter de commenter quoi que ce soit avec lui. Zineb revient, et se met à réchauffer le dîner. Mais le vieil homme la rabroue. La jeune femme se dit qu'il a dû manger à l'extérieur. Da Kaci avait un bon appétit et rien ne pouvait l'ébranler sur ce point. Mais, peut-on comprendre l'état d'âme d'un père qui marie sa fille d'une manière aussi précipitée ? Zineb retire la marmite du feu et remue les braises de l'âtre afin de maintenir la température chaude et clémente dans la grande salle. Da Kaci jette un coup d'œil circulaire. Zouina semblait dormir à poings fermés et Ghenima était sagement assise non loin d'elle. Tant mieux, se dit-il, au moins, ces femmes ne vont pas encore faire des leurs. Il ôte son burnous et sa coiffe, puis monte dans la soupente, et Ghenima entendit le plancher craquer un moment, puis plus rien. Son père s'est endormi, et ses ronflements sonores parvenaient au rez-de-chaussée. Elle se lève et jette un coup d'œil dans la cour. Personne, Belkacem a fini par se retirer dans sa chambre, et comme à son habitude, Mokrane ne rentrera pas de sitôt. Sa mère dormait profondément et plus rien ne bougeait dans la maison. Etait-ce le moment ? Dehors, il faisait un froid de canard. La lune était cachée par des nuages. On ne voyait pas à un mètre, Ghenima s'approche du feu et allume une torche. Elle prend une vieille écharpe de sa mère et la jette sur ses épaules. Elle sentit un pincement au cœur, mais se repris vite. Ce n'était pas le moment de faire du sentiment. Sa vie et son avenir étaient en jeu et la seule issue qui lui restait était la fugue. Elle en assumera les conséquences jusqu'au bout. (À suivre) Y. H.