Dans son analyse de la crise politique qui secoue le pays, le FFS ne dissimule pas ses craintes de voir la crise de gouvernance se muer en crise d'Etat. Voilà qui devrait sans doute mettre fin aux spéculations : le Front des forces socialistes (FFS) ne participera pas aux consultations politiques sur les réformes dirigées par le président du Sénat, Abdelkader Bensalah. Dans une note adressée au secrétariat national réuni ce week-end à Alger, le leader historique du parti, Hocine Aït Ahmed, a réitéré, en termes diplomatiques, le refus de son parti de participer à ce qui est perçu “comme une fuite en avant” et une “diversion”. “Dans notre pays, la crise nationale continue et les propositions de réformes proposées par le chef de l'Etat sont peu crédibles et peu susceptibles de remédier au tsunami politique, économique et social provoqué par la décennie de sang suivie par une décennie de prédation de grande ampleur”, écrit d'emblée Aït Ahmed. Il s'interroge même sur les véritables fonctions de cette commission dont nombre d'observateurs l'assimilent à une simple boîte aux lettres. “Je m'interroge sur les fonctions véritables assignées à cette commission. Objectivement, on cherche à gagner du temps mais surtout à faire diversion. Comment peut-on choisir ce moment pour, dans l'opacité absolue, conclure un train d'accords commerciaux et financiers avec des partenaires étrangers ?”, s'interroge t-il. “C'est la sécurité nationale, voire même la souveraineté du pays, qui peuvent être compromises”, estime-t-il encore. L'ancien responsable de l'OS considère que l'ère de la gouvernance dans la précipitation et l'opacité est révolue. “Certes, ce pays ne peut pas s'arrêter de vivre mais des décisions économiques et financières qui engagent l'avenir de générations entières exigent un débat transparent, sérieux et un consensus de la nation. Hier, des décisions ont été prises dans la précipitation et l'opacité, alors que c'était le destin de tout le pays qui se jouait. Pour nous, cette ère est révolue. Nous dirons la vérité, toute la vérité à l'opinion publique nationale et en temps voulu, nous proposerons les mesures nécessaires pour empêcher le bradage du pays”. Pour sa part, le premier secrétaire du parti, Karim Tabbou, qui animait un point de presse, hier, au siège du parti à Alger, a estimé qu'“il n'y a rien de sérieux” dans ces consultations avant de préciser plus loin que “l'ère des simulacres est révolue”. Dans son analyse de la crise politique qui secoue le pays, le FFS ne dissimule pas ses craintes de voir la crise de gouvernance se muer en crise d'Etat. “Après avoir déstructuré les rapports entre Etat et citoyens, puis entre les citoyens eux-mêmes, le problème de gouvernance du pays est en train de détruire les relations entre les institutions elles-mêmes. Ce qui peut connecter l'Algérie de la manière la plus dangereuse qui soit sur la crise globale”, écrit Aït Ahmed. Selon lui, dans le sillage des révolutions tunisienne et égyptienne, l'opinion algérienne est confortée “que seule une action organisée s'inscrivant dans une perspective démocratique et non violente peut faire émerger une alternative sérieuse à la crise nationale”. Une occasion aussi pour lui d'épingler Ali Yahia Abdennour. “L'option du coup d'Etat défendue fait quelques émules mais n'arrive pas à convaincre au-delà de quelques cercles très limités”. À l'adresse de ses militants, il les a appelés à faire “fructifier le respect” dont jouit le parti en investissant dans la construction “d'institutions capables, à partir du parti, d'aller à la rencontre des Algériens et Algériennes qui partagent les valeurs de démocratie, de liberté et d'engagement citoyen”. “Le président a considéré qu'il faut intégrer des ajustements pour répondre aux objectifs et chantiers prioritaires du parti”, a affirmé Tabbou au sujet du nouveau secrétariat, lequel voit l'émergence de nouvelles figures et le retour de certaines anciennes. Invité à commenter la décision d'Abdelhamid Mehri à participer aux consultations, Karim Tabbou a estimé que “chacun est libre et autonome”. “Il a sa démarche”, dit-il, mais non sans rappeler que le parti a des “convergences” avec l'analyse qu'il a faite dans la lettre qu'il a rendue publique récemment. Interrogé, par ailleurs, sur la sortie de Ben Bella, le premier secrétaire s'est contenté d'affirmer que “les historiens ont parlé”. Quant à savoir si la campagne de moralisation engagée par les autorités obéit à des desseins politiques, à savoir remettre en selle l'islamisme en perspective des prochaines échéances électorales, Tabbou soutient qu'“il y a une généralisation de fléaux en tous genres” et qu'en l'absence de démocratie “il est difficile de gérer ces problèmes”. Sur la Libye, le parti estime que “la position de l'Algérie est difficile à lire”. Enfin, il a démenti l'existence d'un quelconque contact avec le MSP, hormis celui d'une invitation qui remonte à janvier pour participer à un séminaire. Lors d'une conférence de presse à El-Oued, Abou Djerra Soltani a affirmé avoir envoyé des correspondances au FFS et au RCD, mais sans pour autant en révéler la teneur.