La rencontre sera sanctionnée par l'élaboration d'une “charte de la société civile” ainsi que par la proposition de sa reconnaissance “constitutionnelle”. Les premiers états généraux de la société civile s'ouvrent aujourd'hui au Palais des nations, à Alger. 350 représentants du mouvement associatif, 170 chefs d'entreprise, 54 étudiants et jeunes, 107 syndicalistes, notamment les animateurs des syndicats autonomes, 160 intuitu personæ et 42 conseillers du Cnes, en tout plus de 1 050 participants débattront pendant trois jours “des véritables préoccupations de la société civile dans tous ses états”. L'événement semble susciter un grand engouement médiatique. 192 professionnels de la presse, entre journalistes, photographes et techniciens, représentant 41 organes de presse nationaux et 34 étrangers, sont inscrits pour couvrir la rencontre. 17 personnalités étrangères seront également présentes, une manière de donner “une image d'une Algérie sereine”. Cet important rendez-vous où la “parole sera libre” pour exprimer les “attentes citoyennes”, selon les organisateurs, sera au final sanctionné par la rédaction d'un document reflétant “pleinement” les recommandations émises par les différentes parties dans le cadre de cinq ateliers spécialisés et qui sera remis “aux plus hautes autorités du pays”. Il s'agit, selon le Cnes, de faire parvenir aux pouvoirs publics, sous les formes “les plus appropriées”, les préoccupations, les attentes et les propositions de la société civile. Comme pour rassurer sur “la sincérité de la démarche”, les organisateurs, mettent en avant l'absence de membres du gouvernement, “sauf s'ils veulent participer au même titre que les autres participants”. Il y aura certainement la lecture du message du président de la République à l'ouverture des travaux, mais le Cnes affirme que l'organisation des premiers états généraux de la société civile est de sa propre initiative. “Personne ne les a commandés”, assure-t-on. En tout cas, les pouvoirs publics semblent tendre l'oreille au Palais des nations. C'est peur-être pour cela que la commission Bensalah a décidé de marquer un temps d'arrêt qui, paradoxalement, coïncide étrangement avec les trois jours de la tenue des états généraux de la société civile. Beaucoup doutent de la sincérité de la démarche et ils ont raison, dans un contexte national marqué par la suspicion des gouvernés envers leurs gouvernants. “Il faut bien pourtant rappeler que les seules batailles perdues d'avance sont celles qu'on refuse de mener. Les constructions des sociétés modernes et démocratiques ont toujours été faites de l'accumulation de petits succès dans une multitude d'échecs répétés”, estime M. Bouzidi. Les premiers états généraux de la société civile se donnent comme objectif de sortir avec une charte de la société civile et de proposer sa constitutionnalisation.