Nouveau rebondissement dans l'affaire de la petite Safia dont l'oncle maternel, Belhoucine Abdelkrim, vient de saisir “officiellement la Cour africaine des droits de l'Homme et des peuples” d'Arusha, en Tanzanie, sur le sort de sa nièce. Notre interlocuteur, qui s'est déplacé à notre rédaction régionale à Oran, a souligné le caractère “délétère et fallacieux de cette affaire entachée d'irrégularités”. En prenant la décision de porter l'affaire sur la scène internationale des droits de l'Homme, Belhoucine Abdelkrim ouvre de nouveau le dossier de sa sœur morte dans un accident de voiture. Il parle ouvertement d'“assassinat et de vol qualifié sur l'enfant Safia Scharbook”. Voici qui relance ce feuilleton politico-judiciaire planté par Safia, plus de six ans après avoir été kidnappée par sa grand-mère algérienne. Sophie ou Safia, huit ans à l'époque des faits, avait été restituée à son père, Jacques Scharbook, aujourd'hui installée dans la ville de La Seyne-sur-Mer (Var). C'est dans la matinée du 1er juillet 2009 que les autorités algériennes ont décidé de confier l'enfant à la représentation diplomatique française en Algérie. L'après-midi même du 2 juillet, Sophie ou Safia atterrit à Marseille en compagnie de Francis Heude, consul général et d'une assistante sociale de l'ambassade de France à Alger. Ainsi semblait s'achever un long bras de fer judiciaire entre Jacques Scharbook, ressortissant français et directeur commercial de Renault véhicules industriels à Oran, et sa belle-famille algérienne. Pour rappel, l'affaire éclate en mars 2005, soit dix jours après le décès de son épouse, Farah Belhoucine. Jacques Scharbook s'est vu confisquer sa fille, née en France en décembre 2001, par sa belle-mère. Pour obtenir la garde de Sophie, sa grand-mère porte l'affaire devant le tribunal d'Oran, puis la cour d'appel d'Oran qui tranchent en faveur du père. Le 13 février 2008, la Cour suprême confirme les deux jugements. “Nous rejetons cette décision de justice rendue sous les coups d'injonctions et autres oukases venus d'en haut au profit de Jacques Scharbook qui, du statut de beau-père est passé à celui de père”, affirme Belhoucine Abdelkrim. Pour enfoncer le clou, il affirme que “sa famille fait l'objet de menaces sérieuses”. Ceci et d'interpeller les instances internationales “pour nous venir en aide afin que nous soit restituée par les voies légales la fille de ma sœur”. Dossier clos ? Pas pour autant, car en parallèle et avec ses analyses ADN, le père biologique, Mohamed Yousfi, clame toujours haut et fort la paternité de Safia. Il est utile de savoir que Mohamed Yousfi, séparé juste après cette conception, est l'époux algérien de la défunte Farah, tuée dans un accident de la circulation sur la route de Gdyel, à 40 kilomètres à l'est d'Oran. “Cet accident est survenu à 60 jours seulement après avoir écrit une lettre ouverte publiée dans la presse et dans laquelle elle raconte sa terreur, face à une menace de mort qui pesait sur elle”, témoigne son frère. La lettre ouverte en question était adressée au président de la République et au ministre de la Justice. Un lourd dossier qui n'a pas encore révélé tous ses mystères, malgré les interventions réitérées de la famille Belhoucine auprès de la Cour européenne des droits de l'Homme.