Nouveau rebondissement dans l'affaire de la petite Safia, prise contre son gré et contre celui de sa famille maternelle, domiciliée au quartier de Carteaux, à Oran, et ce, après une décision de justice ayant accordé la garde de la petite fille de 7 ans au sulfureux Jacques Scharbook, un Français d'origine qui, du statut de beau-père, est passé à celui de père. En parallèle et avec ses analyses ADN, le père biologique, Mohammed Yousfi, clame toujours haut et fort qu'il est bien le géniteur de Safia… Séparé juste après cette conception, cet époux algérien de la défunte Farah, tuée dans un accident de la circulation sur la route de Gdyel, à quelques kilomètres d'Oran, 60 jours seulement après avoir écrit une lettre ouverte publiée dans la presse et dans laquelle elle raconte sa terreur, face à une menace de mort qui pesait sur elle. La lettre ouverte en question était adressée au président de la République et au ministre de la Justice. Un lourd dossier qui n'a pas encore révélé tous ses mystères, malgré -ou plutôt à cause de- l'intervention pressante du président français, Nicolas Sarkozy, de son Premier ministre, François Fillon, et de ses départements ministériels les plus sensibles, en contact depuis le début de cet imbroglio judiciaire avec les plus hautes autorités de notre pays. La nouveauté dans ce dossier, c'est qu'au mois de décembre dernier, alors que la famille maternelle de la petite Safia désespérait de voir une révision de la décision de justice prise, alors que de nombreuses zones d'ombres laissaient paraître un goût d'inachevé et un certain empressement dans le traitement du lourd dossier, la grand-mère de Safia est reçue puis entendue par un juge, près le tribunal de la cité Djamel Eddine. Selon les membres de la famille, la grand-mère a été entendue à propos des circonstances dans lesquelles a eu lieu l'accident de Farah, sa fille, décédée 62 jours après son appel au secours, lors d'une course-poursuite, sur une route aux virages dangereux. Trois personnes ont été tuées, mais l'un de ses neveux a survécu. Il a témoigné que «le Français à la Mahchoucha» était présent lors de la course-poursuite. Le dossier a ensuite été classé, sans enquête. L'oncle de Safia, Abdelkrim Belhocine, raconte: «Dans ma famille, nous avons senti une lueur d'espoir, lorsque ma mère a été convoquée et entendue par le juge du tribunal de la cité Djamel Eddine et nous avons sérieusement pensé qu'une réelle volonté de réouverture du dossier de ma nièce Safia allait être programmée. Est-ce qu'ils se sont rendu compte que trop de mystères entouraient ce dossier? Ils se sont empressés de donner la garde de Safia à une personne qui détenait des armes dont une Mahchoucha (fusil à canon scié) alors qu'il habitait encore à Arzew, sur le territoire algérien.» De son côté, maître Benbraham, l'avocate de la famille Belhoucine, assure détenir des pièces à conviction «importantes» qui, selon elle, en disent long sur «les dessous d'un mariage dont la garde de la fille n'était pas le seul drame». «L'affaire de Safia n'a pas encore connu son dénouement, car j'ai des documents à dévoiler, notamment sur le ‘transfert diplomatique', entre l'Algérie et la France, de la petite Safia qui est sortie de son contexte juridique et fait, à présent, l'objet d'une affaire d'Etat.» Le dossier de la petite Safia et de son beau-père, Jacques Scharbook, l'homme à la Mahchoucha ou «un agent de la DGSE française» selon la famille algérienne en conflit avec lui et sui se base sur des témoignages nombreux, est d'une complexité telle qu'il serait utile de revenir sur quelques détails importants, et ce, afin que nos lecteurs puissent se ré-imprégner d'une affaire dont La voix de l'Oranie, à l'instar d'autres journaux, tant nationaux qu'internationaux, et plusieurs chaînes de télévisions françaises qui défendaient, bien sûr, la thèse du beau-père français, en ont fait un large écho.
Un accident de voiture mortel, deux mois après une lettre ouverte au Président
Belhocine Khadidja Farah, la mère de la petite Safia, a trouvé la mort au cours d'un accident survenu le 26 mars 2005, sur la route Arzew-Mostaganem. La famille Belhocine porte des accusations d'une extrême gravité et qualifiera le décès d'assassinat, prémédité par Jacques Scharbook. «Il l'a poursuivie en voiture et pour lui échapper, elle avait roulé très vite, au point de quitter la voie et aller percuter et tuer en même temps qu'elle, deux personnes venues de Aïn Taya, roulant en sens inverse. Mon neveu, Fellouhi Mustapha, qui accompagnait alors ma sœur, avait témoigné et approuvé la thèse de la course-poursuite», dira Abdelkrim Belhocine, en précisant que Jacques Scharbook avait pour sa part imputé cet accident à l'état dépressif de son épouse qui vivait alors des moments difficiles. En réalité, Farah Belhocine vivait une situation difficile avec son mari, comme le prouvent une lettre ouverte adressée au président de la République, parue dans un quotidien régional paraissant à Oran (Ouest Tribune du 23 janvier 2005) et une plainte pour menaces de mort, déposée auprès du tribunal d'Arzew contre Jacques Scharbook.
Jacques Scharbook habitait Arzew et détenait une Mahchoucha
«Dans sa lettre ouverte, elle faisait part de menaces de mort, proférées par son mari qui détenait un fusil à canon scié, une Mahchoucha, arme très utilisée par les terroristes dans les massacres, durant la décennie noire qu'a connue l'Algérie. Ce dernier avait affirmé à la justice que l'arme lui servait à la chasse, alors que tous les chasseurs ont affirmé qu'ils n'utilisaient jamais ce type d'armes dans leurs parties de chasse», dira l'oncle de la petite Safia qui continue de s'interroger: «Comment un citoyen étranger pouvait-il détenir une arme sans aucune autorisation? Il est censé être sous la protection des autorités algériennes et même si cela n'était pas possible, il pouvait confier sa protection aux entreprises spécialisées et agréées», dira-t-il. Cette Mahchoucha reste, à ce jour, une énigme pour la famille qui ne manquera pas dans ses différentes sorties médiatiques de qualifier Jacques Scharbook, d'agent dormant de la DGSE, chargé d'une mission d'espionnage économique dans la région du pôle pétrochimique d'Arzew et de Bethioua. «Nous en sommes convaincus», affirme l'oncle de la petite, précisant qu'«il travaillait comme mécanicien dans la zone industrielle de Béthioua avant d'être le concessionnaire de Renault à Mostaganem. Ce changement d'activité lui permet alors de faire des aller-retour permanents entre Mostaganem et Arzew et assurer ainsi sa mission de collecte de renseignements. Nous avons signalé ces faits dans nos différentes plaintes», affirme Belhocine Abdelkrim.
Inscription de Safia au nom de son beau-père
Farah, la mère de Safia a rencontré Jacques Scharbook, alors qu'elle venait juste de rompre avec son conjoint, Mohammed Yousfi et elle était alors enceinte de 7 mois. Avec un visa de court séjour, obtenu très rapidement, elle arrive en France avec son nouveau conjoint. Elle met au monde Safia, dans une clinique, située dans la Seine sur mer à Toulon. A son réveil, elle s'aperçoit que son bébé porte le nom de Jacques Scharbook. Et c'est à partir de cet instant que le calvaire commence pour Farah et sa fille qui vivra continuellement sous la menace permanente de son conjoint, une menace mise à exécution à l'aide d'une Mahchoucha, exhibée à tout moment et servant à faire fléchir Farah qui finit par se réfugier, avec son enfant, chez ses parents, domiciliés alors dans le quartier de Carteaux à Oran. Même en Algérie, les menaces continuent, ce qu'elle dénonce d'ailleurs dans une lettre ouverte, mais qui ne seront pas prises en compte. 62 jours plus tard, elle décède dans des conditions non encore élucidées. En 2009, Safia a alors 7 ans et elle est enlevée à sa famille maternelle. La bataille juridique se déclenche alors et la famille refuse de remettre la fillette aux autorités qui exigeaient sa restitution à Jacques Scharbook à qui était confiée la garde de Safia.
Les médias internationaux s'emparent de l'affaire Safia
Les télévisons européennes, qatari et plusieurs autres s'emparent de l'affaire, mais avec des traitements différents et même des ONG dont celle de la princesse de Croÿ ont en fait leur cheval de bataille. La petite fille de Carteaux aura même été l'objet d'un litige au sein même du gouvernement français et l'éviction de Bernard Kouchner, de son poste des affaires étrangères, n'y est pas étrangère, alors qu'il venait de faire justement un voyage officiel en Algérie à propos des enfants nés de mariages mixtes. En fin de compte, l'affaire Safia aura ameuté les plus hauts sommets des états français et algérien et les départements ministériels les plus sensibles y sont impliqués, l'Intérieur, la Justice, les Affaires étrangères et bien d'autres encore. D'un autre côté, il y a une famille algérienne qui demande que toute la lumière soit faite sur cette affaire, et l'application de la justice qui a ainsi permis un droit de visite, balayé d'une main par un étrange personnage, incarné dans ce rôle par jacques Scharbook.