Avec les deux soldats américains tués, hier, dans une attaque au lance-roquettes près de Tikrit, les états-unis auront perdu 103 militaires au combat, depuis la proclamation de la fin de la guerre par George Bush le 1er mai dernier. A l'heure où les interrogations se multiplient sur la gestion américaine de l'après-guerre, et alors que l'arsenal présumé d'armes de destruction massive, raison principale invoquée pour renverser le régime de Bagdad, reste introuvable, les attentats antiaméricains se poursuivent à un rythme infernal. Pourtant, les Américains sont là pour longtemps. C'est ce qu'a expliqué le général Thomas Metz, commandant le IIIe Corps d'armée, vendredi à Tikrit, parlant d'une rotation, voire deux. Ce qui signifierait, au rythme actuel des relèves, le maintien de la présence militaire américaine jusqu'en 2006. Dans le même temps, la reprise des exportations de pétrole depuis le nord de l'Irak a connu un nouvel obstacle. Après deux mois d'arrêt pour cause de sabotages à répétition, l'oléoduc vers la Turquie (1 000 km entre Kirkouk et le terminal de Ceyhan) a désormais une fuite. Sa réouverture est pourtant vitale pour la reconstruction économique du pays, les champs du nord fournissant la moitié des exportations pétrolières irakiennes. Selon Paul Bremer, l'administrateur civil américain, l'Irak perd sept millions de dollars par jour quand cet oléoduc n'est pas en service. C'est samedi à l'aube qu'ont eu lieu les interpellations, autour de la ville de Khaldiyah, au cœur du “triangle sunnite”, au nord et à l'ouest de la capitale, où se déroulent la majorité des attaques antiaméricaines. La veille, quatre soldats américains avaient trouvé la mort dans deux incidents séparés, soit le bilan le plus élevé depuis le 18 septembre. Parmi eux, figure le plus haut gradé tombé depuis le 20 mars, un lieutenant-colonel de la police militaire. Avec deux de ses hommes, il a été tué dans un affrontement avec une milice chiite à Kerbala (80 km au sud de Bagdad). Dix Irakiens, dont deux policiers combattant aux côtés des Américains, sont également morts. Cette bataille rangée souligne les risques liés au désarmement de ces groupes armés, interdits par les forces d'occupation, mais obéissant à des imams chiites extrêmement influents au sein de la communauté religieuse majoritaire.usqu'à présent, les violences antiaméricaines ont surtout été le fait de sunnites, ex-fidèles de l'ancien régime. Si les chiites aussi se mettent à attaquer les Américains, la situation deviendrait encore plus difficile. A Bagdad, le virulent imam Moqtada al-Sadr inquiète les Américains : il s'est plaint de l'arrestation de 12 membres de “son” conseil municipal à Sadr City, l'immense banlieue chiite pauvre de la capitale. Le fondateur de la milice de l'armée du Mahdi a, en effet, nommé un conseil de 80 membres, rival de celui désigné par les forces de la coalition. La coalition a confirmé l'arrestation d'un groupe de fidèles de l'imam Al-Sadr. R. I. / Agences