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DJAÂFAR INAL : L'HOMME AUX TROIS OMBRES
Souffles… Souffles… Souffles…
Publié dans Liberté le 14 - 07 - 2011

“D'où vous viennent/ La chance de survivre/ Et celle de ne faiblir/ Parmi vous/ Barbares…”. (Kateb Yacine)
Le garçon de Tlemcen a huit décennies, un peu plus ou un peu moins. Qu'importe. Il s'appelle Djaâfar Inal. Passionné du voyage, de littérature et de peinture. Comme un dieu grec, dans un silence en voix multiples, est installé dans ses rêves et dans son sourire angélique. Il n'est jamais seul. Le garçon de quatre-vingts ans est toujours au pluriel. Le singulier pluriel. Fidèle. Djaâfar Inal parle avec un “je” qui porte un “s”. Jes ! Que l'académie da la langue française aille aux enfers. Noyé dans une mémoire grande, fertile et complexe, il médite sur cette Algérie frustrée ou blessée. Des ombres et des voix, des toiles et des livres. L'espoir. Djaâfar Inal vit sous le toit d'une histoire collective élevée sur des piliers en Noms, en couleurs, en lettres et en courage. De nos jours, ils sont rares les intellectuels rayonnants et étincelants, à l'image de Djaâfar Inal. L'or d'un carat exceptionnel. Hors du commun. Nous étions trois, lui, Khelili Bouzid et moi, autour d'un débat ouvert, par une soirée estivale dans la localité de Baba Hassen aux alentours d'Alger. Il était le maître. Une petite table et une salade simple. Des olives noires et vertes, quelques feuilles de laitue et deux tomates coupées. Les grands sont toujours simples, profonds et vrais. Bonsoir Djaâfar Inal. Ce soir, le garçon de quatre-vingts ans portant ou supportant sur ses épaules, dans son cœur et dans son parcours d'intellectuel un pan de l'histoire de la culture algérienne, a fait sortir sa langue ! Il n'a jamais mis sa langue dans sa poche. Il ne l'a jamais donnée ni au chat ni au chien ! Ecouter Djaâfar Inal c'est écouter une montagne qui parle. Confessions d'une montagne ! Ce soir le garçon de quatre-vingts printemps a déballé ses souvenirs. Entre un commentaire sur une lettre de Kateb Yacine et un autre à propos d'un tableau du neveu de Staline, Djaâfar Inal était le poète. Il raconte son histoire avec Mohammed Dib. Un jour de l'an 1953, Dib et moi, nous avions partagé la même cellule coloniale. L'amitié des prisons est un miel de mille roses ! Djaâfar Inal est toujours barricadé par les voyages, les livres et les boîtes d'archivage. Coupures de journaux, lettres, tableaux, rêves et photocopies. Il a traversé toute sa vie dans l'art et le travail. Au côté des symboles du combat intellectuel et politique. Ce soir, je l'ai regardé et je l'ai trouvé comme le dernier des communistes convaincus dans ce monde insensé. Constamment entouré des symboles de la littérature et de la culture algériennes, les partants et les présents : Kateb Yacine, Ahmed Azeggagh, Malek Haddad, Khaled Benmiloud, Mahfoud Boucebci, Mohammed Dib, Abdelhamid Benzine, Mostefa Lacheraf, Bachir Hadj-Ali et les autres. De la peinture tels M'hamed Issiakhem, Mohamed Khedda et Ismaïl Samson et d'autres. Chez Djaâfar Inal on n'arrive jamais à distinguer ses copains : les morts des vivants. Chacun a sa place, sa chaise et sa parole. Sa demeure est un musée. Ce soir-là, il nous a fait montrer des pièces appartenant à Kateb Yacine : un tableau-poème, un texte écrit à la main de Kateb Yacine en forme de toile. Trésor debout au pied d'un escalier nu. Des lettres de Kateb. Amusantes, uniques et provocatrices. La folie d'un génie. Des dédicaces sur des livres écrites par Kateb Yacine. Des phrases dégageant le respect, la familiarité et la confiance. Même absent, dans le monde de l'au-delà, Kateb Yacine, comme M'hamed Issiakhem, hante le silence de cette demeure. Hantent la mémoire de Djaâfar Inal. Si le voyage est un livre les hommes comme Djaâfar Inal sont des bibliothèques. Sans nostalgie idéologique aucune le garçon de quatre-vingts printemps, aime Moscou. Mais par-dessus tout il adore Tlemcen. El Méchouar et ce langage raffiné partagé par les gens des ruelles immémoriales le secouent. Bonsoir Djaâfar Inal. Le garçon de huit décennies derrière lui, en lui, tire trois ombres : celle d'Issiakhem, celle de Kateb Yacine et celle de l'enfant de Dar Sbitar ou la grande maison : l'Algérie.
A. Z.
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