“S'il s'agit de reconnaître le CNT comme seul représentant du peuple libyen, nous ne partageons pas cette position”, a déclaré le ministre russe des Affaires étrangères, M. Lavrov, hier, au cours d'un point de presse. Il expliquera que c'est pour cela que la Russie refuse de reconnaître le Conseil national de transition (CNT), instance dirigeante de la rébellion libyenne, comme autorité de ce pays à l'instar des Etats-Unis. Ces derniers ont reconnu, vendredi dernier, le CNT comme “l'autorité gouvernementale légitime” de la Libye, tout comme l'ensemble du groupe de contact sur la Libye réuni à Istanbul. Quant à Moscou, une invitation a été déclinée pour joindre la réunion du groupe de contact, en estimant, que le Conseil de sécurité de l'ONU était la seule instance légitime dans ce conflit. Pour la Russie, cette reconnaissance équivaut à “prendre le parti d'une partie en conflit dans la guerre civile”, a évalué le chef de la diplomatie russe. En ajoutant encore : “Les partisans de cette décision sont favorables à une politique d'isolement des forces qui représentent Tripoli. Car nous sommes traditionnellement contre l'isolement.” En effet, le ministre russe entretient des contacts avec Tripoli et Benghazi pour qu'ils fassent une preuve d'une position constructive et se mettent à la table des négociations. Autrefois, Mikhaïl Marguelov, le représentant du président russe pour l'Afrique, avait effectué le 16 juin dernier, un voyage à Tripoli. Au cours duquel, il avait rencontré des membres de la direction libyenne, dont le chef du gouvernement Baghdadi Mahmoudi, mais pas Mouammar Kadhafi. Précédemment, le fief des rebelles dans l'est de la Libye a été représenté à Benghazi dans le cadre d'une tentative de médiation de la Russie. Par ailleurs, M. Lavrov a renforcé la nécessité de “reconnaître le CNT et d'autres groupes d'opposition (...) en tant que participants aux négociations, le CNT est sans aucun doute une partie des négociations”. Au-delà, la Russie s'est abstenue avec la Chine lors du vote au Conseil de sécurité de la résolution 1973. Ce qui a permis l'intervention internationale en mars et a vivement dénoncé les conditions de sa mise en œuvre, tout en appelant au départ de M. Kadhafi. Malgré cela, le chef de la diplomatie russe a exclu la possibilité d'accueillir en Russie le dirigeant libyen en cas de démission. En revanche, le ministre a déclaré qu'une réponse négative a déjà été diffusée.