Les prix des séjours hôteliers sont prohibitifs en ce mois de juillet pour la grande majorité des citoyens. Le croisement des accents des quatre coins du pays, de ceux pointus des banlieues françaises, sans compter les immatriculations des presque 48 wilayas, sont autant d'images trompeuses qui collent à la Corniche oranaise en cette saison estivale 2011. Il y a bien peu de personnes qui se posent encore la question de savoir s'il convient de parler de tourisme national, de tourisme réceptif, que ce soit du côté des opérateurs de ce secteur ou du côté des clients et des estivants, mais plutôt d'un tourisme stylé à la mode algérienne “On fait avec ce que l'on trouve”. Car si certains peuvent se le permettre financièrement, ils vous diront préférer se tourner vers l'Espagne où le Maroc avec des séjours moins chers et hautement mieux qualifiés qu'un garage à 50 000 DA les 10 jours à Aïn El-Turck. Car, sur place, la réaction est unanime pour dire qu'aujourd'hui un séjour en bord de mer sur la Corniche est quasi impossible pour des milliers de vacanciers, tant les prix des séjours sont prohibitifs et déroutants, alors que le constat fait de la qualité de service et du produit proposé est ahurissant, frôlant même l'indigence. C'est la responsable du complexe village Eden sur Aïn El-Turck qui dira : “Aujourd'hui, en Algérie, les estivants mendient leurs vacances ! ", allusion faite à l'insuffisance de l'offre et la médiocrité des prestations et de l'assistance aux clients. Cette dernière reconnaîtra même que le village Eden, s'il se situe au dessus du lot au niveau local, serait classé parmi les derniers par rapport à la Tunisie tout simplement. Reconnaissant encore la hausse des tarifs très conséquente de cette année, un F3 est loué à la quinzaine pour 380 000 DA, notre interlocutrice se livre sur l'approche toute particulière qui est faite avec les clients locaux : “La réplique tunisienne n'a pas été ressentie pour le complexe, nous avons généralement 70% de nos clients qui sont nationaux, surtout des Algérois…”, et de poursuivre : “Nous avons eu une période creuse pour la première quinzaine de juillet et nous avons même dû forcer la main aux clients pour leur faire prendre cette période !” Selon des témoignages, ces mêmes clients ont en effet le sentiment d'être déconsidérés et de n'être perçus que comme des tiroirs-caisses. Une cliente du village se plaint. En l'espace de dix jours on lui aurait signifié qu'elle devait s'acquitter de plusieurs millions supplémentaire pour sa location d'un bungalow : “Je trouve cela inadmissible, c'est mépriser et profiter du client. Mais, le plus grave, ils ont justifié cette augmentation par les demandes importantes à cause de la situation en Tunisie , Lybie et en Syrie… de la surenchère pure et simple !” Ailleurs, au niveau d'un autre complexe très prisé sur la Corniche, New Beach, le gérant nous livre aussi sa démarche en tant qu'opérateur du tourisme : “Nous avons une chaîne entre hôtel, résidences et bungalows et nous avons fait le choix de travailler avec les grandes sociétés, 60 % de nos clients, c'est dans le cadre de conventions, avec, au choix, des pensions complètes …” Ce choix de convention permet de s'assurer des taux de “remplissage” acquis et un trie de clientèle surtout familiale. Une semaine pour un bungalow de 4 personnes se facture à pas moins de 140 000 DA, mais à un tel prix le manque de prestation et d'offres de services, notamment animation des soirées pour les enfants, est très pénalisant. Le seul atout que compte mettre en valeur ce complexe c'est l'ouverture de son centre de thalassothérapie. Mais là encore il faut prévoir un coût des plus importants. Au complexe des Andalouses, fidèle à sa réputation de complexe bruyant et accueillant une faune particulière, il faut jouer avec les connaissances pour obtenir son bungalow qui reviendra entre 160 000 et 250 000 DA ! La réception de ce complexe demandera à un client de déposer une demande manuscrite pour obtenir la location d'une villa. “Il faut faire la demande écrite, après nous verrons”, lui sera-t-il dit sans préciser quels seront les critères retenus. C'est cette forme de diktat, sans commune mesure avec la qualité des services, qui pèse sur le tourisme balnéaire d'Oran. Quant à la majorité silencieuse, une journée au bord de la mer, après le calvaire de la route de la Corniche, des prix des denrées alimentaires multipliés par 3 et le racket de certains gardiens de parkings et des solariums, c'est de 1 000 à 2 000 DA qu'il en coûtera pour voir ses enfants faire trempette dans une eau plus très bleue depuis longtemps.