Des hommes en voyage s'arrêtèrent pour une courte halte dans une chaumière isolée du village. Ils étaient, sans le savoir, chez des cannibales. Lorsque les féroces ogres les découvrirent en pleine nuit, en train de dormir, ils se saisirent de leurs invités-surprises et les emprisonnèrent dans de solides cages de fer. Jour et nuit, ils les gavaient de nourriture, comme des oies. Une nuit, alors que les sauvages dormaient à poings liés, un des captifs, plus rusé que les autres, chercha un moyen de déguerpir avec ses compagnons. Il fit un trou assez grand pour en sortir deux hommes à la fois. Et les uns après les autres, tous finirent par s'évader. Mais, le bruit du fer réveilla les cannibales qui se mirent aussitôt à leur poursuite avec des lions et des serpents. Au bout d'une nuit entière de recherches, ils les reprirent tous, excepté deux, dont l'auteur de l'évasion. Les deux fugitifs avaient construit une hutte d'herbes où ils s'étaient terrés. Longtemps blottis dans cet âtre, ils finissent par céder à la fatigue et sombrèrent dans un profond sommeil. À son réveil, le plus rusé de la troupe s'aperçut qu'un lion avait dévoré son compagnon. Il essaya tant bien que mal de garder son calme et se rua vers l'extérieur pour filer à toutes enjambées. Au loin, il aperçut une tente où une femme l'accueillit. Puis, elle l'invita à s'asseoir sur une natte, sous laquelle était dissimulé un trou. Quand l'invité fut assis, la femme tira la natte par-dessous, et l'homme tomba dans un puits. Il resta là, coincé, jusqu'à l'arrivée du maître des lieux, traînant derrière lui, comme du gibier, deux hommes sans vie. Sa femme l'informa à son tour de sa prise et lui suggéra de l'abattre. Elle trouvait sa proie encore plus grassouillette que les deux autres. Pour s'exécuter, le mari fut obligé de descendre dans le puits, à son tour. Mal lui en prit, puisque le malin prisonnier l'accueillit avec une grosse pierre sur le crâne, le tuant sur le coup. Puis, imitant la voix de l'ogre, il demanda à la femme de le faire remonter. Une fois libre, notre homme s'empara de tous les biens et nourriture de l'ogre et retourna auprès des siens. C'est ainsi que la ruse a fini par avoir raison de la force. [email protected]