Selon un récent rapport de l'AAI (Arab American Institute Foundation), la popularité des Etats-Unis est au plus bas chez les opinions arabes. La main tendue par le président Obama au monde arabe, depuis le début de son mandat, ne convainc pas… L'institution new-yorkaise a effectué une étude sur la perception qu'ont un certain nombre de pays arabes sur des événements intervenus ces dernières années dans le monde et impliquant les Etats-Unis. Résultat : les opinions arabes ne voient toujours pas les Etats-Unis d'un bon œil. L'obamania est même passée. D'ailleurs, si l'AAI avait sondé les régimes arabes, il aurait constaté, pour une fois, une convergence entre opinions et pouvoir sur ce sujet. L'establishment qui dirige les pays arabes se méfie également de Washington qui est prêt à lâcher ceux d'entre eux qui sont aux prises avec les révolutions du Printemps arabe. Obama et sa secrétaire d'Etat ne se sont-ils pas directement impliqués dans la chute de Ben Ali, de Moubarak et dans les étaux qui enserrent aujourd'hui Kadhafi, Bachar al-Assad et le président du Yémen ? Les pays sondés dans le cadre de cette enquête sont, pourtant, des pays dont les dirigeants sont toujours considérés proches des Américains : le Maroc, l'Egypte, le Liban, l'Arabie Saoudite, la Jordanie et les Emirats arabes unis. L'enquête a porté sur quatre grands thèmes, répartis en 37 questions: l'assassinat du fondateur d'Al-Qaïda, Oussama Ben Laden, l'opinion du monde arabe à l'égard des Etats-Unis, le regard que ces pays portent sur l'administration Obama, deux ans après le discours du Caire de 2009 et, enfin, l'humeur générale qui règne dans les pays du Maghreb. Concernant l'assassinat de Ben Laden, les interrogés estiment que l'événement aura contribué à davantage ternir l'image des Etats-Unis dans le monde arabe. 34% de Marocains et 35% d'égyptiens pensent ainsi que la mort du terroriste le plus recherché dans le monde n'améliorera pas la situation dans le Moyen-Orient, ni qu'elle apportera une solution au problème du terrorisme. De la même façon, l'étude de l'AAI rapporte une déception générale des pays arabes deux ans après le discours du président américain, Barack Obama, en juin 2009, à l'université d'Al-Azhar du Caire, en Egypte. Lors de ce discours, Obama avait déclaré vouloir chercher un nouveau départ entre les musulmans et les Etats-Unis, après avoir procédé à un procès de la politique arabe de son pays. Obama, dont le père kényan était de religion musulmane et qui a vécu son adolescence avec sa mère dans le pays le plus peuplé de musulmans, l'Indonésie, a réfuté la théorie du choc des civilisations nourri par ses prédécesseurs, qu'il a avoué comme plutôt la conséquence de la politique impérialiste de son pays et, partant, de tout l'Occident. Le locataire de la Maison-Blanche avait aussi exprimé sa volonté de contribuer à la naissance d'un Etat palestinien et de faire pression sur Israël pour que cesse sa colonisation et ouvrir de vraies négociations avec l'Autorité palestinienne. Des mots en l'air. Le Premier ministre israélien n'a pas fini de ridiculiser le dirigeant de la première puissance mondiale. Selon le rapport de l'AAI, 90% d'égyptiens interrogés s'estiment déçus car le fameux discours du Caire n'aura été suivi d'aucun effet. Une déception qui rejoint celle sur l'ensemble de la politique de l'administration Obama au Moyen-Orient. Qu'il s'agisse de la guerre en Libye, du conflit israélo-palestinien, de la guerre en Irak ou du rapprochement avec le monde musulman, les six pays interrogés considèrent qu'Obama n'a pas contribué à améliorer les relations entre les Etats-Unis et le monde arabe. Ceci alors même que, ajoute le rapport, son élection avait suscité de l'espoir chez 66% de Marocains et 61% d'égyptiens. Le sondage de l'AAI conclut que l'opinion des pays arabes à l'égard des Etats-Unis, en 2011, est encore moins bonne qu'en 2008, la dernière année de l'administration Bush qui avait en quelque sorte libéré l'islamophobie qui a déferlé en Occident. Ainsi, 12% des personnes interrogées au Maroc disent avoir une vision favorable des Etats-Unis contre seulement 5% en Egypte.