Résumé : Alors que Ghenima tentait de quitter le village, Zouina, sa mère, se lacérait le visage et poussait de grands cris. Elle avait compris que Ghenima avait quitté la maison. Le déshonneur est désormais tombé sur leur famille. Une calamité ! 57eme partie Kaci s'avance en titubant : - Fille de malheur, elle nous a déshonnorés. Si jamais je l'attrape, je n'hésiterais pas à lui tordre le cou. - Puisque tu y es, va donc tordre le cou à celui qui est le premier maillon de toute cette situation. Belkacem tente de garder un air serein : - Du calme. L'affaire n'est peut-être pas aussi dramatique que vous le pensez. Ghenima va peut-être rentrer d'un moment à l'autre. Attendons que le jour se lève, et que la brume matinale se dissipe, pour prendre en compte cette situation. Pourquoi anticipez-vous les choses ? - Je connais ma fille, lance Zouina, elle ne quitte jamais la maison sans m'en informer. Fatiha baisse les yeux. Et pourtant, se dit-elle, Ghenima quittait régulièrement la maison, pour rejoindre Mohand, sans que personne ne s'en soit jamais rendu compte. Elle se mordit les lèvres. Ghenima s'était-elle enfuie avec ce dernier ? Ont-ils planifié ensemble cette fugue ? Fatiha savait que Ghenima ne reviendrait plus dans la maison. Elle ne sera pas non plus facile à retrouver. C'était la seule issue qui lui restait pour éviter son mariage avec Aïssa. - Oh ma fille, ma fille, ma chérie, Ghenima. Où es-tu donc ma petite ? Zouina reprend sa litanie, et Da Kaci se lève : - Je vais descendre au village, peut-être que quelqu'un l'a aperçue quelque part et… Belkacem lève la main : - Non père, tu n'en feras rien. Cela ne servira qu'à attiser la curiosité des gens et à alimenter les discussions malsaines. Tout le monde nous montrera du doigt, alors que peut-être cela ne vaut même pas le coup. - Nous n'allons tout de même pas rester les bras croisés, à attendre que cette folle daigne revenir ou nous donne de ses nouvelles. Ce qui m'étonnerait d'ailleurs. Belkacem l'interrompt encore une fois : - Laisse-moi faire, père. D'ailleurs je dois tout de suite descendre récupérer Mokrane. - Hein ? Mais où est-il donc ? Zouina lance d'une voix forte : - Je te disais que le malheur était tombé sur notre maison. Depuis que tu as pris les devants sans consulter tes fils, pour marier Ghenima à ce malade, Mokrane a repris la boisson. Hier il est rentré dans un tel état que Belkacem a dû le traîner pour le mettre au lit. - Fils de péché. Il aurait pu rester dehors pour ne pas souiller le sol de ma maison. - C'est ça, mets-les tous à la porte. Cela ne te suffit donc pas de savoir que ta fille est quelque part dans la nature, sans gîte, ni couvert. Qu'elle est livrée à tous les dangers et… - Que le diable l'emporte, et toi avec elle. -Arrêtez donc, s'écrie Belkacem, le moment n'est plus ni aux reproches ni aux erreurs. Je vais avant tout ramener mon frère. Ensuite nous verrons ce qu'il y aura lieu de faire. Zineb et Fatiha, qui se tenaient à l'écart acquiescèrent, bien que la première appréhende déjà le retour de son mari, et le fait de devoir encore supporter les conséquences de son ébriété. Belkacem quitte la maison et Zouina fusille son mari du regard : - Vois un peu les conséquences de ton geste, s'il y'a quelqu'un à incriminer c'est bien toi, et non Ghenima ou quelqu'un d'autre. Kaci lève sa main pour lui asséner une gifle, mais Fatiha s'immisce entre eux : - Au nom de Dieu, Da Kaci, au nom de Dieu, maudit le diable, sois plus patient. Tu vois bien que Yemma Zouina est perturbée, elle ne sait plus mesurer ses paroles. Zouina tente d'écarter sa belle-fille : - Laisse-le donc faire Fatiha. Que reste-t-il de pire que ce qui nous arrive à tous. Il pourra me frapper, me répudier, ou me jeter dans un puits. Rien ne pourra plus colmater la brèche profonde qui a scindé notre famille. (À suivre) Y. H.