Il avance comme argument “une rétention de la part des importateurs et une mauvaise distribution”. La pénurie de médicaments évoquée ces derniers mois sur la scène médiatico-économique du pays semble ne pas faire l'unanimité chez plusieurs producteurs pharmaceutiques locaux. Les industriels affiliés au Syndicat algérien de l'industrie pharmaceutique (Saip) estiment que la manière avec laquelle est exploitée cette rupture supposée de stocks de certains produits pharmaceutiques prouve que celle-ci est “créée de toutes pièces”. Le président du Saip, le Dr Abdelkrim Djebbar, est parmi ceux qui soutiennent cette thèse. Pour appuyer ses dires, il avance un certain nombre d'arguments. Pour lui, il y a de la rétention au sein des importateurs. Il peut y avoir également une mauvaise distribution. “Ce qui me paraît surprenant, c'est de lire dans la presse, au sujet de cette prétendue rareté de médicaments, plutôt des noms commerciaux et non pas des dénominations communes internationales (DCI)”, souligne le Dr Djebbar. En lisant entre les lignes, l'on devine la cible du message, affirme-t-il, sans apporter plus de précisions. Le vrai souci du président du syndicat est l'enveloppe de deux milliards de dollars allouée par l'Etat au secteur du médicament qui n'est, malheureusement, pas bien utilisée. “Cette enveloppe n'est pas exploitée de manière intelligente par rapport aux différentes pathologies”, précise-t-il. Notre interlocuteur cite l'exemple des pansements gastriques dont l'offre sur le marché est évaluée à 13 produits. L'on recense quatre fabricants locaux qui fabriquent ce produit et satisfont le marché. Mais, dans le même temps, l'on autorise neuf importateurs à introduire le même produit sur le marché national... Le même topo pour les veinotoniques (médicaments pour le traitement des troubles de la circulation veineuse) pour lesquels quatre industriels locaux et huit importateurs se disputent le marché. “Une telle irrégularité ne fait qu'étouffer davantage la production nationale et diminue de la quote-part de certaines pathologies. Le coût est en outre doublement nocif à notre pays”, constate le Dr Djebbar. Plus explicite, il relève que, “d'une part, on empêche l'industrie nationale de sortir sa tête de l'eau et on prive, d'autre part, des pathologies d'une partie supplémentaire de l'enveloppe”. Le premier responsable de cette organisation syndicale ne s'étonne pas que l'on parle de rupture et d'autres faux problèmes. Car, argue-t-il, “aujourd'hui, pour une fois, nous disposons d'une politique de gestion du médicament claire, constructive et généreuse à l'endroit de toute la nation. Mieux, elle n'a jamais été aussi claire, d'autant plus qu'elle s'inspire du programme présidentiel pour le quinquennat 2010-2014”. Le Dr Djebbar met, cependant, un bémol. “Le ministère de la Santé se démène pour promouvoir, encourager et bâtir une industrie pharmaceutique locale, tandis que la Cnas continue à favoriser les produits importés en acceptant leur remboursement et en le refusant aux producteurs locaux”. Très satisfait de la politique préconisée par le gouvernement pour le secteur, le président du Saip avoue que le médicament est aujourd'hui “entre de bonnes mains”.