Dans les premières heures qui ont suivi l'incident de Hassi-Messaoud, les habitants des quartiers en retrait du lieu du sinistre sont restés dans une totale ignorance du risque, car c'est le premier de ce genre dans la zone urbaine, nous indique-t-on. En fait, Hassi-Messaoud a vécu deux sinistres en 24 heures. L'un survenu au puits pétrolier OMO83 situé à une quinzaine de kilomètres de Hassi-Messaoud sur lequel une opération de snubbing devait s'effectuer. L'incident a fait trois blessés dont deux atteints de traumatismes et un de brûlures légères à la main. Ceci en sus de la calcination de l'appareil de forage appartenant à l'Entreprise nationale des services aux puits (ENSP). Un appareil estimé à plusieurs milliards de dinars. Le deuxième, une explosion de Manifold (distributeur de gaz), survenu lundi passé vers 21h30 quelques minutes après la rupture du jeûne. Pris de panique, les citoyens habitant près du sinistre se sont précipités pour quitter la ville et se prémunir du danger jugé imminent. Par ailleurs, le sinistre de lundi soir vient de révéler un comportement social qui dénote clairement l'ignorance de la gravité de la situation. Ignorant le risque d'autres explosions, une bonne partie de résidents se trouvait déjà à proximité du périmètre de sécurité du manifold explosé, délimité par les services de sécurité. D'autres, quant à eux, se sont installés à côté du siège de la Protection civile cherchant, peut-être, l'éventualité de pouvoir fuir le sinistre le plus vite possible. La gravité du sinistre de Hassi-Messaoud nous amène à rappeler l'accident sur un oléoduc au Mexique en 1984 et qui avait fait un millier de personnes mortes. Ou encore, le 19 octobre 2006, date à laquelle le pire a été évité lors de l'accident survenu sur le gazoduc Hassi-R'mel - Arzew (GZ2), dans la région de Mohammadia. Ce jour-là, on n'a enregistré que des blessés parmi la population. Les habitations des citoyens touchés étaient érigées sur le périmètre de sécurité du pipe. Si la législation en vigueur a délimité les normes et institué un périmètre de sécurité, il semble qu'il n'a pas été appliqué, vu que des hôpitaux et des écoles ainsi que des zones d'habitation et des infrastructures économiques ont été construits à l'intérieur des périmètres de sécurité. Même constat pour le tissu urbain à Hassi-Messaoud et Hassi-R'mel. L'extension anarchique des constructions touche la majeure partie des ouvrages industriels des différents sites pétroliers et gaziers. Un vaste bidonville continue à évoluer sous les yeux des pouvoir publics à Hassi-R'mel, menaçant les unités industrielles. Les citoyens rencontrés à Hassi-Messaoud n'ont pas caché leur appréhension sur le devenir de leurs biens immobiliers et déplorent la passivité des autorités locales qui n'ont envisagé, à ce jour, aucune action explicative. La décision gouvernementale de délocaliser la ville de Hassi-Messaoud avait instauré l'interdiction de tous les chantiers de construction ou d'extension publique ou privée depuis la publication du décret exécutif déclarant Hassi-Messaoud zone à risque majeur. Décret semble-t-il gelé pour des raisons qui restent floues. Des particuliers continuent, çà et là, qui sur leur propre terrain, qui sur une parcelle qu'ils ont achetée, des travaux en toute illégalité et impunité, au grand dam des infrastructures publiques pourtant en voie d'achèvement. Les dispositions dudit décret ont été prises par les pouvoirs publics en application des règles prudentielles en matière de prévention des risques majeurs et de gestion des catastrophes dans le cadre du développement durable. Il dispose dans l'un de cet article que “les activités secondaires et tertiaires ainsi que les logements et les infrastructures non liés aux activités des hydrocarbures, implantés actuellement à l'intérieur du périmètre d'exploitation du gisement de Hassi-Messaoud, sont transférés hors de ce périmètre. Les bidonvilles, constructions illicites et habitations précaires, érigés à l'intérieur du périmètre d'exploitation du gisement de Hassi-Messaoud sont démolis”. Désormais, le périmètre d'exploitation de l'immense gisement pétrolier de Hassi-Messaoud est exposé à un risque majeur pouvant entraîner des conséquences immédiates et graves aux personnes, aux biens et à l'environnement.