Les troupes du théâtre amateur ont eu leur chance en ce mois de Ramadhan de se produire devant le public du Théâtre régional de Batna. Mardi dernier, cinq comédiens en herbe de la troupe théâtrale Confrontation de la ville de Kaïs (Khenchela) ont montré leur talent et leur spontanéité sur les planches du Théâtre régional de Batna, avec le spectacle Beït Kaddour. Mise en scène par Tarek Achebba, la pièce raconte le chaos et le désordre d'une famille de condition moyenne, qui se retrouve désarticulée par la mort de la mère. Le père, Kaddour, veuf et commerçant de son état, est confronté à la nécessité d'élever des enfants sans le secours d'une femme. Pris par son gain-gagne, il oublie de se consacrer à ses trois enfants et à leur éducation. Livrés à eux-mêmes, les enfants sèment le chaos, d'où l'expression “Beït Kaddour” ! La mise en scène est simple, assez sommaire ; et les jeunes comédiens manquaient de technique, maîtrisant mal les différentes techniques de jeu sur scène. C'est bien pour un début, mais beaucoup de choses restent à parfaire. L'Association culturelle, Théâtre de Demain, de Baraki, a présenté, pour sa part, la pièce El Mouhakama (Le procès). Mise en scène par Lazhar Belbèze, d'après un texte de Larbi Boulbina, la pièce a été interprétée par un trio de comédiens, mais n'a hélas pas convaincu. Le spectacle, d'une durée d'une heure et quart, plante l'action dans un cimetière chrétien. Armé d'une lampe électrique et d'un cran d'arrêt, un jeune homme s'introduit la nuit dans ce cimetière dans un dessein de subtiliser les “petits trésors funéraires”. Une voix lui parvient de l'une des deux tombes et l'interpelle de l'aider à sortir de la tombe ou du cercueil. Le mort-vivant décline son identité et révèle qu'il est un Algérien incorporé obligatoirement dans les rangs de l'armée française durant la Seconde Guerre mondiale et qu'il avait été tué sur le front. Le soldat raconte sommairement comment son corps a été rapatrié dans son pays natal et comment il a été enterré dans un cimetière chrétien sans lavage rituel ni linceul. Ce soldat inconnu réclame la toilette mortuaire et la prière du mort. Un second zombie se joint par la suite au duo, et se présente comme un pacifiste qui aurait refusé de participer à la guerre contre le nazisme. Une conversation s'engage entre les trois personnages. Plusieurs dossiers d'histoire et de civilisation refont surface. Une pièce théâtrale qui traite un sujet historique d'une telle importance mérite un minimum de recherches et ne doit en aucun cas être prise à la légère.