Chaque année, à l'occasion du mois sacré de Ramadhan, les pouvoirs publics, suite à la circulaire n°582 du 22/06/2010 du ministère de la Solidarité et de la Famille, autorisent le Croissant-Rouge algérien, des associations caritatives, des entreprises économiques, et même des privés, à ouvrir, durant cette période, des restaurants afin d'offrir un repas chaud aux démunis. Dans la wilaya d'Oran, presque toutes les localités sont concernées par cette opération de solidarité et d'aide sociale. Si la générosité d'un nombre appréciable de citoyens et d'entreprises est palpable à travers les dons envoyés aux restaurants rahma, un grand nombre fait la sourde oreille. “Ni l'APC ni certaines grandes entreprises contactées n'ont répondu à notre sollicitation. Nous avons loué ce restaurant situé sur la RN4 d'Oued Tlélat pour la somme de 3,5 millions de centimes par mois”, affirme, amèrement, le président de l'association caritative “Tilleul el Kheir”. Pour en savoir plus sur les abonnés et la gestion de ces restaurants durant ce mois sacré, nous avons fait une immersion dans l'association suscitée qui tente tant bien que mal à satisfaire ces citoyens victimes du mauvais sort. De 7h30 à 13h30, cinq femmes bénévoles préparent le repas du jour : une h'rira, un plat de résistance avec viande, une salade, limonade et chamia. “Grâce à la générosité des donneurs, nous offrons plus de 300 repas par jour. 200 à emporter pour les 48 familles démunies recensées, et entre 80 et 100 repas pour les passagers, les handicapés, les zoufrias (ouvriers vivant seuls) qui travaillent dans les chantiers de la daïra mais sont contraints de passer le mois sacré loin de leurs familles. Le nombre augmente chaque jour. Le repas nous revient à 150 DA”, précise le responsable de l'association. En effet, à partir de 17h, les familles déposent leurs couffins pour être remplis, selon le nombre de repas inscrits sur la carte d'adhésion, par un groupe de 12 jeunes bénévoles, dont la plupart sont des étudiants. Présents sur les lieux au moment de la distribution, nous avons pu constater de visu des pères et des mères de famille aux visages ridés et tristes, accompagnés d'enfants qui jouaient avec les chaises du restaurant, insouciants de la situation dramatique que vivent leurs parents. Certains tentent de se cacher le visage : “Vous me connaissez. Je travaillais comme serveur au café mais le patron m'a viré. Je ne serais jamais venu ici si ce n'était le mauvais sort”, se justifie Mohamed, marié. De son côté, une mère de 9 enfants, divorcée, semble trouver une vraie bouffée d'oxygène : “Grâce à cette association, je passe le Ramadhan soulagée. D'habitude, c'étaient les voisins qui m'aidaient. Aujourd'hui, Allah nous est venu en aide. Que Dieu protège ces jeunes”. Parmi les 48 familles recensées, il y a des familles sans aucune ressource financière, d'autres vivent avec 3 000 DA/mois, des retraités avec 7 000 et 8 000 DA/mois, des handicapés, des chômeurs et des personnes divorcées. Une panoplie de cas qui illustre le travail colossal qui attend la DAS. Cependant, l'association lance un appel pressant aux généreux donateurs de se manifester pour pouvoir satisfaire la demande durant tout le mois : “Nous lançons un appel à tous les généreux donateurs de payer au mois un repas de 150 DA pour renflouer les caisses de l'association. Oui, certains sont venus payer un repas au nom d'une personne malade, âgée, qui ne jeûne pas. C'est légal et halal. Nous sommes prêts à recevoir même une boîte de tomate”, lance le président de Tilleul. Il faut rappeler que les services d'hygiène supervisent quotidiennement le restaurant et la nourriture offerte. “Oui, l'inspecteur vient régulièrement contrôler le restaurant et les repas”, déclare Amine 22 ans, un bénévole. Et d'ajouter : “L'année dernière, nous avons distribué 9 000 repas durant le mois de Ramadhan. Cette année, le chiffre risque d'exploser. Nous ne sommes qu'au troisième jour et déjà nous avons enregistré une hausse de 20% par rapport à l'année dernière”, conclut Tayeb, le responsable de la distribution.