Le secrétaire général de l'Union des journalistes et écrivains sahraouis (UPES), Malainin Lakhal, a invité les Français à s'indigner contre la position de la France vis-à-vis du Sahara occidental, en faisant écho à l'appel de l'ancien résistant Stéphane Hessel, auteur du petit pamphlet Indignez-vous qui s'est vendu à plusieurs centaines de milliers d'exemplaires. Dans une interview publiée dans le numéro 44 de la revue trimestrielle Témoins (avril-mai-juin 2011), le militant sahraoui a déclaré : “Nous avons besoin de l'aide des journalistes français. Mais vous aussi, Français, vous avez besoin de nous pour vous aider à vous réveiller et à lutter pour vos propres droits, qui commencent à être réduits petit à petit. Je reprendrai l'appel de Stéphane Hessel : ‘'Indignez-vous !'' ” M. Lakhal a également révélé que la France, “pays des libertés et des droits de l'homme (et pays) de la démocratie” continue de soutenir l'occupant marocain et utilise “son droit de veto au sein du Conseil de sécurité de l'ONU, pour empêcher toute tentative de prise en compte de la question des droits de l'homme dans les territoires occupés du Sahara occidental”. Par ailleurs, a observé l'interviewé, la situation dans le dernier territoire colonisé en Afrique est “en danger d'explosion permanent”, face au statu quo qui perdure, principalement parce que “la communauté internationale, en particulier l'ONU et les grandes puissances, notamment la France, n'affichent aucune réelle volonté politique pour résoudre un simple cas de décolonisation”. Celui-ci est défini en termes de droit international par la résolution 1514 des Nations unies, relative à l'application du droit des peuples à disposer d'eux-mêmes, “à travers un processus de vote démocratique ou de référendum”, a-t-il rappelé. Le secrétaire général de l'UPES a en outre signalé, dans ce cadre, le plan onusien de règlement de 1991 et les différentes solutions proposées “parfois acceptées mais jamais appliquées”. “A chaque fois, Rabat a l'audace de s'opposer à l'application des résolutions onusiennes et de la loi internationale, soutenu et encouragé par la France, toujours prête à fournir à son protégé, le roi du Maroc, l'aide et le soutien politique, financier, diplomatique, voire militaire, comme ce fut le cas dans les années 70 et 80”, a expliqué le militant sahraoui à Témoins. Il s'est aussi exprimé sur “la position hypocrite” de l'Union européenne qui, “sous l'influence française, (…) a fait le choix des intérêts économiques au détriment des valeurs humaines”. M. Lakhal a justifié ses dires en rappelant l'octroi, par l'UE, d'un “statut de partenariat avancé” au Maroc et la signature des accords de pêche et des accords d'agriculture incluant le territoire sahraoui. Une position qui, d'après lui, conforte le maintien de l' “occupation illégale du Sahara occidental” et contrarie les efforts des organisations internationales des droits de l'homme, lesquelles “affirment la responsabilité du régime de Rabat dans des crimes de guerre et des crimes contre l'humanité qui continuent à être commis en toute impunité”. Plus loin, le représentant de l'UPES n'a pas caché sa surprise de voir que “les médias français suivent avec passivité les politiques honteuses adoptées par l'Etat français”, en déplorant que “la presse française continue de défendre le régime marocain et de donner une fausse image du Maroc, en le présentant comme démocratique, ouvert et tolérant”.