Les Béjaouis ont eu droit à une bouffée d'oxygène samedi dernier. L'espace d'une soirée, ils ont fait un voyage dans le temps et vécu avec enthousiasme l'ambiance des années 1980 avec les chansons à texte engagées. L'animation a été assurée avec brio par la troupe Debza, qui renoue les liens avec son public. L'esplanade de la Maison de la culture de Béjaïa n'avait pas pu contenir, comme chaque soir d'ailleurs, le nombreux public qui envahit la place dès la rupture du jeûne, et ce depuis le début du Ramadhan. Sous la houlette du duo Merzak Hamiane et Mahmoud et des musiciens de talent, le public a eu à réécouter ou à découvrir les chansons les plus célèbres du groupe, interprétées en arabe dialectal et en kabyle : El-Hamla, Qu'est ce qu'ils t'ont appris à l'école mon fils, Bab El-Oued chouhada, Hez Aàyounek, Salima tineslemth, Addu, S'fina, Falestine, Allez-y, Victor Jara, Khaliwna tregue n'foutou, Wach rana n'choufou, El-guedafa, Wardjedji. Le public de la Maison de la culture a eu le privilège d'écouter la nouvelle chanson du groupe, inspirée par les révolutions en cours dans le monde arabe. Quant à celui du théâtre régional de Béjaïa, où Debza s'est produit hier soir, il a la primeur d'écouter une autre nouvelle chanson, dédiée à Redouane Osmane, l'un des anciens membres de la troupe. Comme l'avait fait remarquer un confrère, au plan artistique, on sent une nette amélioration par rapport aux deux albums précédents. La troupe Debza a eu notamment à interpréter les chansons figurant dans le troisième album, globalement composé de reprises et d'anciennes chansons à l'exception de Tkharssat lagoual. Veuillez installer Flash Player pour lire la vidéo. Le texte est de Mahmoud Rachedi. Il s'agit d'un poème épique, écrit dans une langue vernaculaire puisée dans la douleur et les souffrances des prolétaires : “Les paroles se sont tues, les montagnes se sont effondrées, les crocs acérés sont visibles, les monstres sont apparus au grand jour, le soleil s'est incliné et aucun tamis n'a pu le cacher, j'étais drogué et j'ai repris mes esprits pour dire que je n'ai jamais été responsable.” Ce texte magnifique, en arabe algérien, a été enveloppé dans une mélodie originelle inspirée du raï bédoui. Quant au reste du répertoire, il est constitué de Amarazg'na de Ferhat Imazighen Imoula, l'école, Amkhikh de Mohya, interprétée par Slimane Azem, un beau texte sur les événements d'Octobre 1988, Salima d'Amrache Ali, Ma Andna ma Ghanina, texte de Hassen Ziani chanté par Ali, du groupe Idheflawen, traduit vers l'arabe algérien par Debza et, enfin, Ghadwa (demain), une belle chanson d'espoir et de rêve pour un idéal. Pour rappel, Debza est une troupe de théâtre engagée d'obédience marxiste-léniniste créée en 1979 par un groupe d'étudiants d'Alger. Elle dérive de l'association Action culturelle des travailleurs du dramaturge Kateb Yacine.