Benflis ce week-end à Médéa et à Aïn Defla “La Présidence n'est pas au-dessus de la loi” Le secrétaire général du FLN a accusé Abdelaziz Bouteflika d'avoir “bloqué le pays pendant quatre ans”. “Nul ne peut être au-dessus de la loi”, a martelé, jeudi dernier, Ali Benflis devant ses militants à Médéa. Le patron du FLN, dont l'arrivée à la mouhafadha de cette wilaya en compagnie de Zinedine Youbi, l'ex-ministre des P et T, et des membres du BP a suscité les acclamations d'une foule de 800 personnes aux cris de “Benflis Président”, n'a pas mâché ses mots quant à l'impératif du respect des lois de la République et de sa Constitution. “Les lois de la République sont sacrées et on n'a d'autres choix que de les respecter”, a-t-il affirmé sur un ton des plus fermes. Son propos est en rapport avec les multiples violations des lois dont se sont rendu coupables de plus hauts responsables de l'Etat se recrutant parmi le cercle présidentiel. À commencer par l'actuel locataire du palais d'El-Mouradia. “La présidence de la République est une institution de l'Etat algérien qui se gère selon les lois de la République et non pas en les violant”, souligne Benflis. Plus précis, l'orateur dira en ciblant le Président-candidat que, “pour trôner encore sur le fauteuil, on institue la culture de l'allégeance et on met les institutions de la République au service des intérêts et des ambitions personnelles”. “Si tu m'aides à rester sur le fauteuil, je te promets un poste confortable en 2004”, dira-t-il pour illustrer ses propos, en prenant exemple sur des personnes auxquelles le cercle présidentiel a fait des promesses au cas où elles aideraient le Président-candidat à rempiler pour un second mandat. Benflis accuse, en même temps, le chef de l'Etat d'avoir bloqué le pays pendant les quatre années de son mandat : “On ne laisse pas le pays en jachère pendant des années et on se réveille lors des six derniers mois (d'un mandat) pour se décider enfin à travailler.” Un autre exemple de l'institution de la culture de l'allégeance est en rapport avec la gestion de Saïd Barkat, le ministre de l'Agriculture, de son secteur : “Pourquoi l'aide aux agriculteurs n'est donnée qu'à des gens bien sélectionnés sans le contrôle des Assemblées locales ?”, s'est-il interrogé. Le ministre de la Justice, Tayeb Belaïz, dont le département a été instrumentalisé pour casser du FLN, a également été criblé de critiques : “On réveille dans la nuit, en dehors de l'urgence, un magistrat pour qu'il prenne une décision en cachette contre le FLN.” “C'est une honte !”, regrette-t-il avant de s'interroger : “Comment peut-on haïr le FLN à ce point ?” Abdelaziz Belkhadem, en tant que chef de file d'un mouvement putschiste, a été également pris à parti par Benflis. Les critiques de l'orateur n'ont pas, non plus, épargné Yazid Zerhouni qui a installé dans son département “un laboratoire pour casser le FLN”. Et de marteler : “Nous voulons un Etat d'institutions et nous refusons la culture de l'allégeance.” C'est en somme le même discours qu'il a tenu dans la wilaya de Aïn Defla où il s'est rendu hier. En évoquant le mouvement hors la loi dit de “redressement”, Benflis a affirmé qu'ils n'ont aucune chance de déstabiliser le FLN : “Ils ne peuvent rien faire, que ce soit à Médéa, à Berrouaghia, à Aïn Defla, à Mostaganem, à Djelfa ou à Blida, parce qu'ils ne sont pas des militants, mais des sous-traitants pour une cause qui n'est pas la leur.” Et pour narguer ses adversaires travaillant sous la houlette de Saïd Bouteflika, le frère conseiller du Président, Ali Benflis, fort du dernier arrêt du Conseil d'Etat annulant le jugement interdisant le congrès extraordinaire du FLN, martèlera : “N'est pas militant qui veut.” Répondant, en outre, au RND qui lui a reproché ses sorties sur terrain, Ali Benflis posera la question à ses militants : “On me reproche de faire une campagne électorale anticipée, mais qu'est-ce qui dérange dans le fait que je vienne vers vous pour vous expliquer le programme et le projet de société du FLN ?” “Rien !”, a répondu unanimement l'assistance. “Personne ne me fera taire et personne ne m'arrêtera. Je suis profondément et entièrement algérien, je sillonnerai l'Algérie, wilaya par wilaya, village par village, pour expliquer aux citoyens le programme du FLN et dénoncer le complot qui le vise. Le FLN n'est pas dans les véritables centres de décision, le jour où il le sera, il ne laissera pas les institutions de la République dévier de leurs vocations”, dira Benflis. N. M. ABOUDJERA SOLTANI À MASCARA “Resserrer les rangs du parti” Aboudjera Soltani, leader du MSP, a été, jeudi dernier, à Mascara. Le président du MSP, fidèle à sa ligne de conduite, a dressé le bilan des activités de son parti en exhortant ses militants à resserrer les rangs du parti et à contribuer à son élargissement. M. Aboudjera a invité ses militants à œuvrer dans le bon sens afin de surmonter les problèmes qui secouent la scène politique du pays. “La direction politique du parti reste à l'écoute de la base et les élus du MSP doivent se montrer dignes de la confiance des militants sans lesquels le parti n'a aucune valeur”, devait dire le président du MSP avant d'ajouter : “L'islam est la religion officielle de l'Algérie et chacun de nous doit s'inspirer du Coran pour entreprendre toutes les démarches dans sa vie quotidienne et éviter de commettre les erreurs pouvant lui porter préjudice. Pour parer à toute éventualité, la vigilance est la règle à laquelle les militants doivent se soumettre, car des échéances importantes les attendent dans un proche avenir et pour lesquelles le parti du MSP est engagé”, devait dire en substance Aboudjera Soltani. A. B. WAFA Taleb El-Ibrahimi réunit son bureau national à Annaba Dans une rencontre avec la société civile, jeudi dernier, à Annaba, le docteur Ahmed Taleb El-Ibrahimi a précisé que “le mouvement Wafa est agréé par la force de la loi et empêché par la loi de la force”. À la question de la participation de l'ancien ministre des AE de Chadli à la présidentielle de 2004, le porte-parole du mouvement Wafa, Mohamed Saïd, qui a animé un point de presse à l'hôtel Emir de Annaba, a précisé que cette décision sera prise à la lumière des visites de prospection qui devraient toucher de nombreuses autres wilayas. Deux activités majeures ont marqué les sorties du patron du mouvement pro-islamiste Wafa, à Annaba, puis à Guelma : la tenue, jeudi dernier, dans la soirée, de la réunion à huis clos du bureau national du mouvement pour la première fois hors la capitale dont rien n'a filtré, et la réunion des bureaux de sept wilayas de l'est du pays, prévue, hier, à Guelma, et qui entre dans le cadre des préparatifs pour cette échéance électorale, selon le conférencier. B. Badis Sidi Bel Abbès 100 militants RND font allégeance au FLN Dans un communiqué parvenu à la rédaction, les membres du bureau du RND de la wilaya de Sidi Bel Abbès expriment, dans une motion de soutien, leur allégeance au parti FLN. Les transfuges du parti RND motivent cette décision par la politique qu'ils qualifient d'opaque et d'obscure que prône le secrétaire général du parti, en l'occurrence M. Ahmed Ouyahia. Ils trouvent, par ailleurs, dans le FLN, outre la sincérité politique de son secrétaire général, la volonté manifeste de ses militants de rompre à tout prix avec les pratiques surannées et révolues. Pour cela, les membres du bureau auxquels se sont joints une centaine de militants RND se démarquent complètement de leur ex-parti tant que “le premier responsable du parti tient le bâton par le milieu et n'a pas exprimé clairement sa position”, mentionnent les rédacteurs du communiqué tout en ajoutant qu'Ouyahia est en train de mener le RND vers la catastrophe. B. Hakim Le FFS refuse de se positionner par rapport à la présidentielle “Il n'y a aucun signe fort que l'armée se soit retirée” Le Front des forces socialistes (FFS) de Hocine Aït Ahmed refuse de se “jeter”, dès maintenant, dans ce qui s'apparente à une précampagne pour la présidentielle de l'an prochain. Si certains prêtent cet “atermoiement” aux “turbulences feutrées” qui secouent le plus vieux parti de l'opposition depuis sa participation aux élections du 10 octobre, tel n'est pas l'avis du Dr Ahmed Djeddaï, qui invoque essentiellement “l'opacité” et “le pourrissement” qui entourent le climat politique actuel. “Comment se positionner lorsque la politique est décrédibilisée, quand on voit ce débat d'égout entre Bouteflika et le chef du FLN, un débat qui pollue toute l'atmosphère politique !”, s'est indigné, jeudi 23 octobre, l'ex-premier secrétaire national du FFS lors d'un meeting populaire animé à la salle Afrique à Alger. Ahmed Djeddaï qui a remplacé au pied levé l'actuel premier secrétaire Djoudi Mammeri, parti à l'étranger, selon l'entourage du parti, égrène également un autre chapelet de raisons. “Comment se positionner lorsqu'un Président utilise la justice, qu'on proclame autonome et qui refuse de s'autosaisir sur les scandales révélés par la presse ? Comment se positionner quand des journaux sont suspendus au motif fallacieux de dettes impayées ? Comment se positionner quand le régionalisme est exacerbé et quand la colère sociale gagne toute l'Algérie ?”, a-t-il encore fait observer. D'ailleurs, le responsable du FFS doute même de la volonté du FLN de s'affranchir des cercles décideurs : “Il est au pouvoir depuis 40 ans et, aujourd'hui, il dit qu'il veut être autonome ! Si c'est par rapport à Bouteflika, oui. Mais, par rapport à l'armée, qu'il le prouve sur le terrain.” “Il se dit dans l'opposition, poursuit-il, et social-démocrate et vote les ordonnances, notamment celle sur la monnaie et le crédit qui enlève l'autonomie à la Banque d'Algérie !” Dans le même contexte, il révèle que la liste des membres du comité central du FLN n'a pas été divulguée car, “plus de 60 membres sont issus de Batna”. À propos de Khalifa, il rappelle à juste titre que tout le monde savait que son empire a été construit sur du “carton”. “Tout le monde est responsable dans cette affaire, du président de la République au Chef du gouvernement. Ça a commencé en 2001, quand le chef de l'Etat a promulgué l'ordonnance mettant sous la coupe de l'Exécutif la Banque d'Algérie”, accuse-t-il. Mais, ce qui dissuade le plus le FFS de se lancer, dès aujourd'hui, dans la bataille électorale, c'est l'absence de signal fort de la part de l'institution militaire de se retirer du champ politique. “Ils disent que l'armée ne se mêlera pas, nous leur disons on vous connaît et vous nous connaissez. On a entendu ce discours depuis Zéroual. À part le double langage auquel ils nous ont habitués, il n'y a aucun signe fort que l'armée se soit retirée de la politique”, affirme Djeddaï sous les applaudissements d'une salle clairsemée. Comme pour confirmer ses propos, il évoque le dernier livre de Nezzar qui, selon lui, confirme que le pouvoir est entre les mains des généraux et que le régionalisme est un élément qui a toujours été utilisé par le pouvoir. Concernant la gestion de Bouteflika, Djeddaï estime : “Si échec il y a, ce sont eux les responsables qui l'ont ramené !” Même s'il refuse d'être le diseur de bonne aventure, le FFS n'en pense pas moins que “le débat actuel” vise “à verrouiller le jeu” et que la présidentielle “telle que menée” va conduire inéluctablement au pourrissement. Tout comme il prédit “une explosion” sur “ce régime sourd”. La priorité pour la formation d'Aït Ahmed aujourd'hui, rappelle Djeddaï, “c'est de refuser cet état de fait et de continuer à se battre pour ouvrir un débat sur la transition”. Une transition dont les grandes lignes sont contenues dans le mémorandum du 12 mai 2001, remis au Président et aux généraux décideurs. Le FFS suggère également un regroupement de toutes les associations et partis autonomes avec la population. Interrogé sur un prétendu deal entre le FFS et la présidence, Djeddaï a indiqué qu'“il n'y a aucun contact direct ou indirect entre Aït Ahmed et Bouteflika”. Tout comme il a rejeté la prétendue divergence entre lui et Aït Ahmed ainsi que l'existence de dissensions au sein du parti. Enfin, il estime que le livre de Samraoui contient une bonne dose de vérité. K. K. Réunion du comité exécutif du RCD “Transformer la résistance citoyenne en alternative démocratique” Saïd Sadi compte organiser les états généraux des démocrates républicains. La situation sociale, la crise institutionnelle, l'élection présidentielle et l'organisation des états généraux des démocrates républicains, qui auront probablement lieu au début du mois de décembre prochain, ont été au menu du comité exécutif du RCD qui s'est réuni en session ordinaire mercredi et jeudi derniers, au siège du parti, à Alger. La formation de Saïd Sadi qui en a fait l'évaluation constate, en effet, que, sur le front social, il y a “une aggravation dramatique des conditions de vie du monde du travail accouplée par le rejet de toute médiation de la part des autorités”. Dans un communiqué rendu public à l'issue de sa réunion, le comité exécutif du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) considère qu'à l'instar d'autres conflits, les revendications du secteur de l'éducation rencontrent une attitude aussi provocatrice qu'irresponsable de la part du pouvoir qui fait courir, du même coup, le risque d'une année blanche aux écoliers. “Ni la disponibilité de nouvelles représentations syndicales ni l'appel des familles ne semblent avoir rencontré l'écho que mérite un dossier livré au pourrissement”, déclare le RCD qui estime : “La tentation de la répression est devenue un réflexe permanent et dangereux dans le climat social et politique actuel.” Pour le parti de Saïd Sadi, “s'enfermer dans cette démarche revient à faire le pari du pire”. “Les manœuvres et les manipulations testées en Kabylie, avec le résultat que l'on sait, devraient inciter à plus de responsabilité”, indique le comité exécutif, avant de noter : “Le monde de l'éducation est marqué par les mutations fondamentales qui traversent la société algérienne.” Et refuser de reconnaître, aujourd'hui, de nouvelles organisations socioprofessionnelles, “c'est nier une réalité incontournable et s'enfermer dans un archaïsme vain et dangereux”. Le RCD, qui ne cesse, par ailleurs, de tirer la sonnette d'alarme sur la situation qui prévaut dans le pays, souligne : “Les couches populaires vivent avec une légitime frustration le train de vie de l'Etat, la gestion approximative et aléatoire des finances publiques aggravés par des scandales financiers auxquels personne ne daigne apporter le moindre démenti.” Devant ces désordres sociaux, affirme le comité exécutif, “des affrontements politiques se précipitent, entraînant les institutions dans les manipulations clientélistes qui mettent en péril la stabilité de l'Etat et la cohésion nationale”. Ce qui amène, en fait, le Rassemblement pour la culture et la démocratie à lancer cet avertissement : “La fuite en avant, qui piège le pays dans des conflits de pouvoir, hypothèque sévèrement le devenir de la nation.” À propos de la prochaine échéance électorale, le parti de Saïd Sadi estime : “Prétendre organiser une élection présidentielle en maintenant les règles et procédés qui ont prévalu jusque-là équivaut à reconduire des perversions qui ont discrédité la représentation nationale et démobilisé le citoyen.” Le RCD, qui en appelle, à ce titre, “à l'ensemble des patriotes pour exiger les garanties à même de libérer la nation d'un système politique dominé par des luttes de personnes et engager l'Algérie dans un combat où le responsable politique sollicite la confiance du peuple sur la base d'idées et de programme”, s'adresse aussi à celles et à ceux qui ont défendu la nation et assumé leur combat d'aujourd'hui, pour “s'engager résolument, en faveur d'un changement, par ailleurs inéluctable”. “L'opposition démocratique est appelée à transformer la résistance citoyenne en alternative démocratique et sociale”, souligne le comité exécutif qui considère que “le statu quo est le danger dont il faut impérativement préserver la nation”. “Les Algériennes et les Algériens doivent fédérer leurs énergies pour peser solidairement sur les évolutions à venir”, ajoute le communiqué de l'exécutif du RCD avant de conclure : “Les états généraux des démocrates républicains sont l'occasion d'affirmer que l'opposition démocratique est un acteur déterminé à assumer ses convictions dans la refondation nationale tel que cela a été le cas dans la résistance citoyenne.” S. R.