Résumé : Salima est en train de jardiner dans l'arrière-cour quand sa voisine vient sonner à sa porte. Celle-ci a apporté une assiette de gâteaux. Elle l'envie beaucoup. Ses remarques sont pareilles à un couteau remué dans une plaie invisible… 2eme partie La jeune femme se demande comment Zohra peut être au courant. Jamais elle ne lui en a parlé. Est-ce que son mari se serait confié à elle ? Ou au sien ? Salima n'a pas le temps de s'interroger puisque Zohra poursuit: -Vous ferez comme s'il n'y avait rien eu ou allez-vous ne plus vous fréquenter ? - Je me demande d'où tu tiens tous ses faits, réplique la jeune femme tout en la servant. Et tout ce que tu viens de dire est exagéré ! La vérité est que… - Mais c'est vrai que toi et ton beau-frère étiez en conflit, insiste Zohra, satisfaite au fond de son cœur. Pourquoi ? -Pour des raisons personnelles, répond la jeune femme avant de lui suggérer: tu devrais boire ton thé tant qu'il est chaud ! -Je le préfère froid… Salima préfère changer de sujet, elle se met à parler de la fête de l'Aïd el Kébir qui approche. - Vous allez la passer ici ou iras-tu chez ta famille ? - Non. - Vous allez acheter un mouton ? lui demande-t-elle. - Non, on n'est que deux…Sa famille vit très loin sinon on pourrait en sacrifier un, ensemble, répond Zohra. Et vous ? - Oui. On n'a pas le choix, le petit ne supporterait pas que les voisins aient un mouton et pas nous ! Salima remarque une lueur étrange dans le regard de sa voisine mais celle-ci a vite détourné les yeux. Ce qu'elle a dit semble l'avoir mise mal à l'aise. Ce n'est pas la première fois. Chaque fois qu'elle parle de Karim, Zohra a la même réaction. D'ailleurs, elle ne vient jamais en présence du petit. - C'est pénible Zohra ? - Quoi donc ? - Ce doit être pénible de ne pas avoir d'enfant ? Cela vient de toi ou de ton mari ?demande Salima. - Mon mari, les examens l'ont prouvé. Avant de les faire, on a patienté deux ans puis il fallait savoir d'où venait le problème, raconte-t-elle à contre- cœur. Je me croyais stérile mais finalement c'est mon mari qui l'est ! - Tu t'es mariée jeune ? - Pourquoi ? Je parais vieille ? l'interroge Zohra. - Non, surtout pas vieille… Salima reconnaît qu'elle a gardé toute sa fraîcheur. Bien qu'elle ait plus de trente-cinq ans, elle n'en paraît que vingt. Si elle se débarrasse de cette robe d'intérieur et de son foulard, pour les troquer contre une belle robe ou un tailleur, elle serait resplendissante. Peut-être que son mari lui pose des problèmes ? - Je me suis mariée à dix-neuf ans… Au début, on n'avait pas les moyens de se faire soigner, Ali travaillait rarement et quand il a eu la chance d'avoir une situation stable, on a songé à avoir des enfants, raconte Zohra. Et là, la grosse déception, enfin pour lui. Moi, ça ne me dit plus rien ! - Pourquoi ? l'interroge Salima. À t'entendre, tu n'as jamais aimé ton mari…Est-ce que je me trompe ? (À suivre) A. K.