Tabal ou t'bel, selon les prononciations, instrument de percussion à baguettes, gros tambour à double membrane, qui, autrefois, avait joué un rôle prépondérant, grâce à son caractère cérémonial, sacré ou symbolique, a complétement disparu des groupes folkloriques ou traditionnels de la wilaya de Batna, qui ne l'utilisent plus, ainsi cédant sa place aux instruments de musique modernes. La seule troupe, qui continue à l'utiliser et le perdurer à travers les Aurès est la troupe El-Bandou d'Arris. Que reste-t-il à la mémoire des Aurès lorsque tous ses instruments traditionnels ayant accompagné la chanson chaouie, depuis plus de 5 000 ans, disparaissent ? Dommage que nous verrons plus ce tabal, gros tambour à double face, accroché en bandoulière sur les épaules ou au cou de son musicien, trop jovial, qui le joue à l'aide de baguettes (recourbes). Nous ne verrons plus ce musicien improviser, changer de rythme et exécuter de différents mouvements de la chorégraphie rythmés par les sons. Non plus nous ne verrons plus les mouvements des bras, rythmés par des mouvements d'épaule, qui sont coordonnés avec des mouvements de pied, souvent sautillés, qui faisaient forja (le spectacle) autrefois au sein des populations rurales. Désormais nous n'entendons plus le battement du tabal et les rythmes syncopatives qui correspondaient aux battements du cœur, qui nous propulsaient aux hauts royaumes esthétiques, nous transformaient et nous stimulaient, aussi bien qu'ils calmaient l'esprit. Nous n'entendons plus le rôle musical du tabal, aux ressources acoustiques insoupçonnables, variant et allant du simple marquage des temps aux rythmes et contre-rythmes les plus complexes. En perte totale, cet instrument de musique, qui autrefois rythmait bien sûr les chants et les danses les jours de fête, ponctuait des moments de la vie quotidienne, accompagnait également les cérémonies : naissance, mariage, funérailles, guerre, chasse, rituel, d'une manière générale et occupait aussi d'importantes fonctions rituelles et sociales, est en train de s'éclipser pour s'évaporer dans la nature. Manié exclusivement par les hommes dans les Aurès, tabal, ce véritable Instrument “parlant”, qui était même autrefois outil de communication à distance, est en train de tomber en oubli, dans l'indifférence totale de la population des Aurès, après la cessation de ses fonctions qui lui avaient été attribuées jadis. “Autrefois les populations rurales des Aurès faisaient annonce au son du tabal dans les rues et les places publiques... Un autre autre instrument de musique qui s'en va à l'image du djawaq”, se plaint Khouya Hamed, un ancien joueur du tabal, en retraite. Et laisse échapper sur un ton d'impuissance et de regret : “Hadha houa hal dania.” Qui entendra les sons ou les “tons” du tabal qui se joue de mille façons différentes, variables selon les individus ?