Toute honte bue, le Premier ministre israélien se rend à l'ONU en personne pour défendre la position de son gouvernement, qui a enterré les négociations de paix avec les Palestiniens en poursuivant sa politique de colonisation en violation du droit international et des résolutions des Nations unies. Benjamin Netanyahu a annoncé hier qu'il se rendrait lui-même à la session annuelle de l'Assemblée générale de l'ONU pour exprimer la “vérité” d'Israël face à la demande d'adhésion d'un Etat de Palestine au Conseil de sécurité. Heureusement qu'il a bien spécifié que c'était la vérité de l'Etat hébreu, qui n'a rien à voir avec la réalité du terrain, où les droits des Palestiniens sont bafoués au quotidien dans tous les domaines avec la bénédiction des Etats-Unis et de l'Europe. Refusant aux Palestiniens le droit de demander à disposer d'un Etat indépendant à l'instar de tous les peuples de la planète en passant par la voie légale qu'est l'ONU, s'ils ne se plient à son diktat dans des négociations, qui durent depuis vingt ans, Netanyahu veut imposer sa vision au monde par tous les moyens. “Mon voyage a un double objectif: faire en sorte que la tentative (des Palestiniens) de contourner des négociations directes échoue au Conseil de sécurité, et exprimer notre vérité à l'Assemblée générale”, a déclaré le patron du Likoud, pour lequel “la vérité, c'est qu'Israël veut la paix et que les Palestiniens font tout leur possible pour bloquer des négociations directes (...). Ils doivent comprendre que la paix ne peut être obtenue que par des négociations, et non en essayant de les contourner par la voie de l'ONU”. Comptant bien sur le véto, dont Washington a régulièrement menacé d'user au Conseil de sécurité pour bloquer la démarche des Palestiniens, Netanyahu s'est de plus dit “convaincu” que les Etats-Unis allaient faire échouer le projet palestinien. Tournant en dérision la majorité automatique à l'Assemblée générale “où n'importe quelle résolution peut être adoptée”, en allusion à la possibilité à laquelle recourront les Palestiniens en cas d'échec au conseil de sécurité, il a ironisé : “L'Assemblée générale peut même décider que le soleil se lève à l'ouest et se couche à l'est, mais elle n'a ni le poids, ni l'importance du Conseil de sécurité”. En dépit de toute cette pression, le président palestinien Mahmoud Abbas était attendu hier à New York où il soumettra la demande d'adhésion de la Palestine à l'ONU, au moment où le Quartette international se réunissait dans la journée pour examiner une possible relance du processus de paix, suspendu depuis des mois. Au cours de son séjour à New York, le président Abbas soumettra au chef de l'ONU, Ban Ki-moon, la demande d'adhésion et donnera un discours devant l'Assemblée générale, consacré à la situation prévalant dans les territoires palestiniens occupés.