La proximité de l'élection présidentielle du printemps 2004 fait que les grandes réformes à même de sortir l'économie algérienne de sa léthargie sont encore reportées. “Les réformes économiques sont complètement bloquées”, selon un responsable d'une entreprise publique. Il avance pour preuve l'immobilisme des sociétés de gestion des participations pourtant mises en place pour accélérer le processus de partenariat et de privatisation. Installées depuis une année, les SGP, nous dit-on, sont “en attente de décision en haut lieu” d'autant que des rumeurs persistantes avancent qu'une organisation du secteur public est en gestation à la Présidence. La privatisation des entreprises publiques est, en effet, le premier chantier sur lequel était attendu depuis longtemps l'exécutif du président Bouteflika. Le report, encore une fois, de l'examen du dossier du foncier agricole, par le gouvernement, en est la parfaite illustration des hésitations des pouvoirs publics à accélérer les réformes structurelles. Le projet de révision du statut des terres, annoncé au Parlement également pour cet automne, suscite de fortes résistances au sein même du FLN. La révision du statut de la fonction publique — dans un sens l'arrimant plus au marché du travail — n'est pas non plus près d'être bouclée, du moins dans les mois qui viennent. En panne donc de mesures “attractives”, les pouvoirs publics n'affichent donc plus la même assurance sur la nécessité d'aller plus vite dans les réformes de marché. Il est vrai qu'avec près de 22 milliards de dollars de réserves de change, le gouvernement peut s'octroyer un répit et semble attendre beaucoup plus de l'expansion du budget de l' Etat pour réaliser les 4,5% de croissance inscrits en 2003 par le projet de loi de finances. Abdelkader Khelil, le ministre délégué à la Relance économique, avait évoqué récemment l'amélioration de la situation financière des entreprises publiques pour justifier, peut-être, le gel du processus de privatisation. Le ministre de la Participation et de la Promotion de l'investissement, Abdelhamid Temmar, a aussi affirmé que les finances de 53% des 1 170 sociétés d'Etat étaient équilibrées. De ce point de vue, seulement 15 à 20% de ces sociétés sont “financièrement déstructurées” et nécessiteront une ouverture de capital ou des contrats de partenariat. Pourtant, la dernière note de conjoncture du ministère de l'industrie a été on ne peut plus claire. “Le secteur industriel public est en agonie.” Durant le premier trimestre 2002, la production a, une fois de plus, baissé de 6%, estime-t-on. Des filières entières, notamment les industries manufacturières et agroalimentaires, sont menacées de disparition. On parle d'un découvert qui frôle les 60 milliards de dinars. De grosses entreprises sont dans une situation telle qu'elles n'arrivent même plus à couvrir les frais de leur personnel, alors que Temmar semble avoir tempéré son discours et parle seulement de privatiser 70 entreprises déstructurées. Il semble que la proximité de l'élection présidentielle du printemps 2004 fait que les grandes réformes à même de sortir l'économie algérienne de sa léthargie sont encore reportées. M. R. Selon Investir Croissance du revenu par habitant • Pour le guide Investir, élaboré par le bureau d'audit international price vaterhouse cooper, la société nationale CEMG et le cabinet Maza, le revenu moyen par habitant de l'Algérien se situerait en 2001 à 1 900 dollars, contre 3 524 dollars en 1990 et 1 477 dollars en 1995. Le PIB de l'Algérie atteint, selon l'ouvrage, en dollars 51,5 milliards USD. Il est prévu 54,7 milliards USD en 2002.