La réforme c'est bien, la visibilité c'est mieux. Surtout en politique. Encore une fois, les rédacteurs du texte ont limité le rôle de la femme à la figuration. Une obligation, selon cette loi qui n'a mis aucun garde-fou qui lui permettra d'être le premier personnage politique. Les femmes seront-elles en tête de liste lors de la prochaine campagne électorale comptant pour la législature de 2012 de l'Assemblée populaire nationale (APN) ? Plus explicite, les femmes seront-elles placées en pole position par leurs partis respectifs quand on sait qu'en règle générale, ce sont les deux premières têtes de liste, c'est-à-dire les deux candidats favoris, qui sont élues et cooptées ? La question mérite d'être posée dès que le projet de loi organique relatif à la promotion de la représentation de la femme dans les assemblées élues, qui consacre 30% des listes électorales à la femme, permettra la présence de 120 dames à l'APN. Lequel projet de loi a fait fi d'une mesure de transparence qui en dit long, surtout que la Commission des affaires juridiques, administratives et des libertés de l'APN n'a pas eu toute latitude d'étudier ce cas de figure qui piège, encore une fois, la femme. L'inexpérience et la bataille de positions entre radicaux, islamistes et pro-islamistes, entre majoritaires et pro-majoritaires obligeant la représentation des femmes à l'APN, comme dans les assemblées élues à hauteur de 30% dans les chefs-lieux de daïra, ainsi que les communes dont la population est supérieure à 20 000 habitants, est un leurre de plus. L'information colportée par le porte-parole du Rassemblement national démocratique (RND), Miloud Chorfi, comme l'effet d'annonce défendu par le patron du Front de libération nationale (FLN), Abdelaziz Belkhadem, avant que Louisa Hanoune, du Parti des travailleurs, ne prenne le relais, méritent une autre attention. Même si on argue que cette représentation sera tributaire de la compétence des candidates et non des quotas des partis, rien ne laisse dire que la même compétence aura la place qu'il faut, c'est-à-dire la tête de liste. En ce sens, comme le souligne ce texte de réforme dans son article 5, et dont l'examen a été initié dimanche dernier par ladite commission, “toute liste de candidats à une élection établie en violation des dispositions de l'article 2 de la présente loi organique est rejetée”. Ce qui sous-entend que tout est basé sur le quota et non sur la compétence. La même loi organique stipule que ce système obligatoire de quotas lors de l'établissement des listes électorales “induira de façon graduelle l'augmentation du nombre des femmes élues”. Lire “quota” et “représentation et augmentation graduelles”. Sur un autre plan, la femme sera également privée, au sens propre du terme, de faire valoir ses motivations politiques au sein du Conseil de la nation. Une tare de plus que la Commission juridique n'a pas jugé salutaire pour mettre un terme au forcing des islamistes dans les assemblées élues. Surtout que la représentation des femmes ne dépasse pas les 30 sur les 389 députés (soit 7,7%) et 7 femmes sur 144 (soit 4,86%) sénateurs. Du coup, le système relatif à l'élection des membres du Conseil de la nation ne permet pas “la mise en place d'autres mécanismes susceptibles d'augmenter la participation de la femme dans ce Conseil, sauf à recourir à la réservation de sièges au profit des femmes ou procéder au changement radical du système électoral des membres de ce Conseil”. Des vices de forme qu'aucun rédacteur du projet n'a jugé utile de relever et/ou de rectifier alors que la chose est flagrante. Jugeons-en encore : aucune femme n'est actuellement à la tête d'une Assemblée populaire de wilaya (APW) alors que seulement trois femmes président aux destinées des Assemblées populaires communales (APC) sur les 1 540 existantes à l'échelle nationale. à moins que l'ivresse d'accélérer les réformes a pris le dessus sur la qualité du texte, sur la proportion à respecter et à préserver les acquis des femmes et à engager une réforme basée sur l'intelligibilité et la visibilité. Et si c'est le cas, la femme fera de la figuration sur une liste, comme toutes les femmes sur les listes… électorales. à la seule différence d'avoir, en plus d'une carte d'électeur, un vulgaire poster sur les murs…