Il est clair que le ministre de l'éducation nationale, M. Boubakeur Benbouzid, n'est pas du tout disposé à recevoir les représentants des enseignants grévistes et encore moins à prendre réellement en charge leurs doléances. Du moins pour le moment. Autrement dit, le débrayage observé par la famille de l'éducation est appelé à s'inscrire dans la durée. Dans un entretien accordé dimanche à El Khabar, une évidence sur laquelle le ministre a été très catégorique : il ne recevra pas le CLA et le Cnapest en qualité d'organisations syndicales, qu'il a eu déjà à qualifier d'“illégales”. Quant à leurs revendications salariales, les enseignants demandent une augmentation de 100%. Benbouzid a fait la vague promesse que le dossier sera traité au niveau du gouvernement dans le cadre de la loi sur la Fonction publique. C'est vrai que le ministre de l'éducation a changé de tactique, en délaissant la politique du bâton pour celle de la carotte. Jeudi dernier, des mesures d'apaisement ont été prises. Benbouzid avait donné l'air de s'être rendu à l'évidence que ni les menaces ni les sanctions ne sont à même de venir à bout de la détermination des deux syndicats, fer de lance de la grogne, à aller jusqu'au bout de leur logique. En effet, les enseignants ont su garder le cap, malgré les mesures de suspension qui ont touché quelque 300 enseignants et une vingtaine de proviseurs, la ponction de plusieurs jours sur les salaires des grévistes, les poursuites judiciaires à l'encontre des responsables des syndicats et la répression de deux sit-in observés le 5 octobre dernier. Méthode stalinienne, qui n'a fait qu'endurcir le bras de fer entre les deux parties. Voulant, coûte que coûte, en finir avec une grève qui boucle son premier mois, Benbouzid a lâché du lest en annonçant, jeudi dernier, certaines mesures d'apaisement, comme la levée des suspensions et l'annulation de toutes les sanctions infligées aux enseignants grévistes ainsi que les poursuites judiciaires. Mesures d'apaisement ajustées d'un appel à rejoindre les classes à partir de samedi dernier. Bien plus, il leur a envoyé des émissaires, des représentants de la FNTE, les invitant à rejoindre les ateliers de travail installés, mercredi 22, à l'issue d'une rencontre tenue avec… la FNTE et l'Unpef. Rencontre à laquelle, eux, les syndicats initiateurs de la grève, n'étaient pas conviés. Aussi, la réaction des deux syndicats “pestiférés” ne s'est pas fait attendre. Les mesures de Benbouzid sont qualifiées tantôt d'“insensées” et tantôt de “poudre aux yeux”. Au finish, la grève cyclique observée par les enseignants est reconduite pour une autre semaine. Le taux de suivi au premier jour était de 98%, selon le secrétaire général du CLA. Ce qui sonne l'échec de cette nouvelle méthode, mi-conciliante, mi-méprisante, adoptée par Benbouzid. Alors se pose la question, à savoir que fera-t-il maintenant que l'année scolaire est sur le point de se gâter ? Privilégiera-t-il la voix de la raison en s'astreignant à recevoir les représentants des deux syndicats en leur qualité de syndicalistes et non pas d'enseignants ? Ou renouera-t-il avec la politique du bâton, en bloquant carrément les salaires des grévistes comme il l'a affirmé dans l'entretien accordé à El Khabar, ou encore en recourant à d'autres mesures aussi répressives, sinon plus, que celles du début octobre ? L'avenir proche nous le dira. A. C.