Ni les intimidations ou les menaces n'ont eu raison de la détermination des cheminots qui entament leur 5e jour de grève illimitée. Pire encore, hier, c'est le personnel de l'administration de la SNTF qui s'est joint au mouvement. Un rassemblement s'est tenu face au siège de la direction générale de la société, à Alger. Le mouvement prend désormais une ampleur nationale et les grévistes refusent de faire machine arrière. De son côté, la direction reste, elle aussi, inflexible. “Nous sommes la section syndicale de la direction générale de l'entreprise et nous avons décidé de rejoindre le mouvement de grève entamé dimanche par les cheminots. Car nous aussi, nous sommes lésés dans nos droits”, explique une représentante syndicale rencontrée sur place. Les travailleurs expliquent que “quand l'augmentation a été décidée en 2009, l'administration a mis tous les travailleurs au même échelon, soit l'échelon zéro. Après un premier mouvement en mai dernier, l'administration a décidé d'accorder un échelon pour deux années de travail. Suite à cela, l'administration nous a accordé l'effet rétroactif depuis janvier 2011 et non depuis la date d'application de la nouvelle grille des salaires”. Les travailleurs précisent que ce mouvement a été voté à la majorité en assemblé générale. Ils affirment que le taux de suivi “frôle les 100%”, tout en précisant que “si les travailleurs de l'administration passent aussi à l'action, c'est un signe de ras-le-bol total”. De son côté, Abdelhak Boumansour, porte-parole des travailleurs de la gare de l'Agha, indique que “la grille des salaires de 2009 était remplie d'erreurs et nous l'avons rectifiée pour 10 échelons. Nous n'avons jamais négocié les rappels”. Le mouvement continuera du moment que l'administration a décidé d'ester certains travailleurs en justice. Le directeur des ressources humaines affirme, pour sa part, que le taux de suivi ne dépasse pas les 30%. “Je me demande s'il emprunte les mêmes escaliers que le reste des travailleurs”, ironise à ce propos le syndicaliste. Haroun Boulamia, chargé de l'information des conducteurs de train, a reconnu l'illégitimité du mouvement mais estime que les revendications sont, quant à elles, légitimes. “10 000 cheminots sont à l'arrêt et c'est là la légitimité. C'est vrai que nous avons perçu un rappel depuis janvier 2011 mais ce rappel ne dépasse pas les 8 000 DA. Nous savons que l'entreprise traverse des moments difficiles mais cela ne signifie pas qu'il faille renoncer à nos droits. C'est pour cela que nous faisons appel aux pouvoirs publics pour qu'ils prennent les choses en main et ouvrent une enquête pour voir comment l'entreprise est gérée. Nous ne comprenons pas comment, malgré l'acquisition de nouvelles locomotives et l'apport financier de l'Etat, l'entreprise n'arrive à assurer que 40% de la masse salariale”, note-t-il. Nos tentatives de joindre la direction, durant toute la journée d'hier, se sont soldées par un échec. DJAZIA SAFTA akavachiw 20-10-2011 22:57