Un grand nombre d'entreprises de construction et autres trouvent d'énormes difficultés pour recruter de la main-d'œuvre locale, surtout des manœuvres. “A 700 DA/jour, je trouve des difficultés pour recruter un manœuvre. Les chômeurs refusent de travailler”, affirme un maçon. Effectivement, plusieurs responsables ont confirmé la rareté de cette main-d'œuvre indispensable aux différents travaux de chantier. Avec les 13 000 logements lancés, les Chinois et les Turcs ont pris les devants en préférant leur main-d'œuvre, qualifiée et disciplinée, à la locale. “Les jeunes préfèrent le poste de gardien ou de chauffeur. Les travaux manuels n'attirent pas les chômeurs”, précise encore un entrepreneur, avant d'ajouter : “Il y a juste quatre ans, après la fermeture d'un grand nombre d'entreprises publiques, les manœuvres se bousculaient devant les entrées des chantiers pour une journée à 400 DA. Aujourd'hui, les entreprises ont des problèmes avec cette catégorie de manutentionnaires, puisque des dizaines de licenciements sont enregistrés mensuellement.” Même son de cloche dans les usines de fabrication. “Nous avons chaque mois des affaires en justice pour licenciement abusif alors que le licenciement est motivé. Avec les cadres, c'est rare. C'est avec les manutentionnaires et les ouvriers que le problème se pose”, dira un responsable d'une entreprise économique. Mais des mauvaises langues incriminent l'état et fustigent la décision des pouvoirs publics à propos de la création du DAIP. “Un chômeur préfère 12 000 DA/mois du CFI (contrat d'insertion professionnel) pour quelques heures de travaux publics au lieu d'assurer ses 8 heures chez un employeur exigeant”, explique Oussama, un jeune recruté dans le cadre du CFI. De leur côté, les manœuvres se justifient et dénoncent les salaires dérisoires proposés par les employeurs : “Comment voulez-vous que nous travaillions avec un salaire mensuel de 15 000 à 20 000 DA et souvent sans couverture sociale ? Avec une moyenne de 500 DA/jour (25 jours ouvrables par mois) et avec des dépenses de 200 DA/jour (restauration-café-transport), nous touchons en moyenne 8000 DA/mois net. C'est insuffisant !” Entre les revendications des uns et la galère des autres, le problème de la main-d'œuvre locale se pose avec acuité. NOUREDDINE BENABBOU