Réputée pour son pragmatisme, la diplomatie américaine broie du noir ces dernières semaines et se retrouve obligée à avoir recours à des compromis pour tenter de se dépêtrer de la crise irakienne. Colin Powell et son armada de conseillers ne savent plus où donner de la tête pour résoudre l'équation irakienne. C'est le blocage total. La recrudescence des attentats antiaméricains en Irak et la pression internationale pour un rapide transfert de la souveraineté aux Irakiens semblent avoir gelé les méninges des diplomates US incapables de résoudre la crise irakienne. Autrefois très efficaces, ils n'arrivent désormais plus à convaincre le monde de la justesse de leur point de vue, comme ce fut le cas en mars dernier lors de la présentation de la résolution autorisant le recours à la force pour désarmer le régime de Saddam Hussein lorsque l'administration Bush a été obligée d'agir sans l'aval des Nations unies. Pis, il y a quelques jours, ils ont dû recourir à des compromis avec les opposants à leur projet de résolution sur la reconstruction de l'Irak, pour le faire adopter. La politique étrangère américaine, marquée par une arrogance de plus en plus insupportable, a totalement échoué dans la gestion du dossier irakien. En effet, dans un pays où le terrorisme et le fondamentalisme n'avaient point de place, elle a réussi à donner vie à ces deux fléaux qui menacent maintenant non seulement la présence US mais l'avenir de l'Irak. C'est en laissant la force primer sur la diplomatie que Washington a mis le feu aux poudres en Irak, et menace la stabilité de toute la région. Aujourd'hui, les Américains qui ne peuvent plus se permettre de faire machine arrière dans ce conflit cherchent maintenant une sortie honorable. Par la voix de George Bush, les Etats-Unis laissent entendre qu'ils transféreront la souveraineté aux Irakiens dès que possible, car ils leur est impossible de quitter l'Irak actuellement parce que cela encouragerait le terrorisme. “Les Etats-Unis achèveront leur travail en Irak. Quitter l'Irak prématurément ne ferait qu'encourager les terroristes et augmenterait les risques pesant sur l'Amérique. Nous sommes déterminés à rester, à combattre et à vaincre”, a-t-il déclaré. Il cache mal le malaise prévalant au sein de sa diplomatie, entièrement paralysée face aux offensives des opposants à la guerre en Irak. Les mêmes propos sont repris par l'administrateur US de l'Irak, Paul Bremer, qui tente de rassurer les Irakiens, dans le but évident de faire baisser la tension. Cependant rien n'y fait, la situation sécuritaire en Irak empire de jour en jour et devient invivable les forces de la coalition. Malgré le changement de ton dans le discours américain, désormais plus conciliant, l'administration Bush demeure toujours isolée sur la scène internationale. Colin Powell multiplie quant à lui les déclarations de bonne intention en direction des ex-alliés devenus aujourd'hui adversaires, sans pour autant convaincre. K. A.