La Mauritanie va vivre le 7 novembre une élection présidentielle très attendue et plus disputée que jamais, le président sortant Mouaouiya Ould Taya, au pouvoir depuis 19 ans et confronté en juin à une tentative de putsch, devant affronter un nombre sans précédent d'opposants. Alors que les poids-lourds de l'opposition avaient boycotté l'élection de décembre 1997, en criant à la fraude, trois sont cette année sur les rangs : Ahmed Ould Daddah, 61 ans, demi-frère du “père de la nation” Moktar Ould Daddah, décédé le 14 octobre dernier, Messaoud Ould Boulkheïr, 60 ans, charismatique “Haratine” (descendants d'esclaves), et Mohamed Khouna Ould Haïdallah, 63 ans, chef de l'Etat de 1980 jusqu'à son renversement par Mouaouiya Ould Taya, fin 1984. Deux autres candidats de moindre importance sont en lice : Moulaye El- Hacen Ould Jied, 51 ans, qui avait recueilli moins de 1% des voix à l'élection de 1997, et une femme, Aicha Mint Jeddane, 43 ans, candidate indépendante. C'est la première fois qu'un Mauritanien de souche haratine brigue la présidence et, fait notable dans cette république islamique, c'est aussi la première fois qu'une femme se lance dans la course à la magistrature suprême. À la veille du premier tour, chacun se demande s'il y en aura un second, l'opposition considérant que son candidat aurait alors toutes ses chances face au président sortant. Pour l'emporter dès le premier tour, il faut obtenir la majorité absolue des suffrages.