RESUME : Ferroudja voyait bien qu'il mettrait ses menaces à exécution. Elle décida de calmer le jeu. Elle ira voir un avocat pour avoir la garde de son fils. Si elle le leur laisse, qui sait quelles idées noires il allait lui mettre en tête, pour creuser un fossé entre eux. Rabah dit de méchantes choses sur Krimo. Le garçon se tourne vers elle, comme pour avoir une confirmation. Non, son père était loin d'être l'incarnation de mal et de l'échec… Son retour n'avait pas été facile. Il était revenu de loin. Ses rêves avaient tourné au cauchemar. Il lui avait fallu beaucoup de courage et de fierté pour revenir au pays, pour regarder ses amis qui avaient réussi leurs vies professionnelle et privée. Ferroudja savait qu'il était sur la voie de la réussite même s'il n'était ici que depuis huit mois. Il était sérieux au travail. Quand il aura terminé ses études, il ouvrira un cabinet. Il était en train d'apprendre auprès des meilleurs. Non, Farid aurait beaucoup à gagner en vivant avec un père comme lui. Et la jeune femme était convaincue qu'il était le père de Farid. Ils se ressemblaient en tout. Mais comme Rabah le lui avait dit, le doute persistait. Krimo ou son ex-mari ? Quand elle avait été séparée de Krimo puis été mariée, peu de temps avait passé. Aussitôt enfermée, aussitôt mariée. Avant et après son mariage, elle n'avait pris aucun contraceptif. Avec Krimo, elle avait voulu profiter de leurs rencontres pour marquer le temps, pour être enceinte, pour forcer sa famille à accepter leur mariage. Mais elle avait dû déchanter. Aussitôt mise au courant, sa famille l'avait séquestrée quelques jours chez un oncle paternel résidant au village natal avant de la marier à cet ami de son père. Farid était né au septième mois. Depuis, Ferroudja doutait. Pour elle, Krimo était son père, vu qu'à ses yeux Farid avait été conçu avant son mariage forcé. Elle en était persuadée. Seulement, la gynécologue lui avait affirmé que le bébé était né prématurément. Enfin, après toutes ces années passées, Ferroudja était contrainte à tout tirer des oubliettes. Elle en parlerait à Krimo… Ferroudja était contrainte à en parler à Krimo. Elle savait que Rabah le ferait aussi, pour que Krimo renonce à son fils. Elle ne parvenait pas à fermer l'œil. Elle passa la nuit chez ses amis, mais la joie avait déserté son cœur. Elle avait beau sourire à son fils, l'angoisse la torturait. Elle passa une nuit blanche à se tourner et à se retourner dans son lit. Au matin, elle partit, alors que Rabah et Zohra n'étaient pas encore réveillés. Ferroudja savait que Rabah ne s'était pas couché tôt. Elle l'avait entendu aller et venir dans le couloir. Lui aussi était très inquiet. Il tremblait à l'idée qu'on lui enlève Farid, qu'il considérait comme son fils. Craignant le retour de Krimo de l'étranger, il lui avait fait promettre de ne jamais le revoir. Ferroudja avait promis, mais elle n'avait pas tenu sa promesse en le revoyant. La jeune femme arriva à Alger vers neuf heures, elle avait dû attendre. C'était vendredi, les taxis n'étaient pas nombreux à circuler en ce jour de repos et de prière. Elle se rendit à pied chez Krimo. Quand elle frappa à la porte de son appartement, elle sursauta quand il ouvrit au deuxième coup comme s'il attendait quelqu'un. Il s'expliqua alors qu'elle entrait et refermait la porte. - Je t'ai vu arriver, je savais que tu viendrais… - Tu vas bien ? demanda-t-elle d'une petite voix en regardant son œil au beurre noir, elle remarqua qu'il évitait de s'appuyer sa jambe gauche. - Pour qui se prenait-il ? - Je pense qu'il avait peur, qu'il croyait que tu étais un fou… - Il m'a dit que Farid était mon fils, dit Krimo en grimaçant de douleur quand il s'assit sur son lit. - Je suis venue t'en parler, commença-t-elle mais il lui fit signe de se taire en levant la main et en fermant les yeux. - Tu m'as caché l'existence de Farid, pourquoi ? Est-ce vraiment mon fils ? - C'est difficile à expliquer Krimo, tu le sais, nous avons eu des rapports avant d'être séparés. Ni toi ni moi n'avons pris de contraceptifs. Lorsque j'ai été mariée, je n'en ai pas aussi pris… Farid est né sept mois après notre séparation… Cela a fait naître des doutes. Même si, pour moi, tu es le père de Farid, la gynécologue qui m'a suivie m'a toujours affirmé que le bébé était né prématurément… Je voulais tellement qu'il fût le tien que je n'hésitais pas à le dire à mon mari… (À suivre) A. K.