La vérité fuse parfois de la bouche… du peuple, de ces cafés maures où l'on discute de tout et de rien dans des débats pas toujours stériles, foisonnant parfois de sincérités implacables. La pause matinale de café est source d'inspiration intarissable, comme cette confession d'un sexagénaire mordu de football qui ironisait l'autre jour sur la qualité de la pelouse du complexe Mohamed-Boudiaf. “Tout compte fait, nous avons vraiment de la chance que les Camerounais ne soient pas venus à Alger pour jouer le match amical contre l'Algérie. Non pas que nous avons peur de prendre encore une fois une raclée, mais à la vue de l'état pitoyable de la pelouse du stade du 5-Juillet, je me suis dit qu'on se serait couvert de honte s'ils étaient venus finalement. Imaginez un instant Eto'o, Makoun et autres errer sur ce champ de patates, ne savant même plus développer leur jeu. à bien y réfléchir, ils se sont certes couverts de honte en refusant de se déplacer à Alger pour quelques misérables euros, mais s'ils avaient pris leur courage à deux mains et étaient venus à Alger, c'est nous qui serions humiliés aujourd'hui avec cette pelouse de la honte”, murmure-t-il à l'oreille de ses interlocuteurs, qui acquiescent d'un sourire d'où perce une gêne certaine. Quel spectacle désolant aurions-nous offert en effet à ces Camerounais dont la majorité joue dans les clubs européens ! Après près de trois ans de travaux de réfection sous l'égide d'une société hollandaise qu'on nous a présentée comme une référence du genre, et avec plus de 10 milliards dépensés, le temple n'arrive pas à retrouver sa pelouse verdâtre. Pourquoi ? La société hollandaise est officiellement mise à l'index par la direction de l'OCO qui y voit un manquement grave à l'accord conclu. “Le terrain est en mauvais état justement en raison de la terre végétale. C'est à la société hollandaise, qui a été chargée de la réalisation, d'assumer ses responsabilités, car ce n'est pas normal ce qui arrive. Nous ne sommes pas restés les bras croisés. Nous avons chargé un laboratoire spécialisé ainsi qu'un agronome de faire le constat. Suite à quoi, nous avons établi des rapports à partir des conclusions des spécialistes. Je peux vous dire, en tout cas, que nous avons émis des réserves sur le travail de la société hollandaise. Nous avons même engagé des poursuites judiciaires pour obtenir des dédommagements”, avait martelé le directeur de l'Office du complexe olympique Mohamed-Boudiaf, M. Benmihoub, dans les ondes de la radio chaîne III qui se console toutefois que “la société hollandaise n'a touché que 60% du montant global de la réalisation”. “Il est clair qu'on ne va pas payer le reste en raison du mauvais travail réalisé”, avertit-il. Du coup, le travail au niveau de la pelouse est à reprendre à zéro, puisque M. Benmihoub annonce avec une légèreté déconcertante : “Nous allons attendre la fin de la saison pour entamer la pose d'une autre terre végétale. Je suis obligé de respecter la procédure. Nous avons essayé de remédier à cette situation par des palliatifs. Il reste encore 45 millions de dinars dans les caisses et nous allons tenter d'améliorer la qualité du terrain prochainement.” En attendant, les clubs algérois (derbies) et l'équipe nationale peuvent continuer à galérer. S. L.