Le premier Symposium économique algéro-suisse, ouvert vendredi à Zurich, a fait office de tribune pour les deux représentants des gouvernements algérien et suisse afin de débattre des opportunités d'affaires dans une Algérie où les changements de législation ont dérouté plus d'un investisseur. C'est Mme Marie-Gabrielle Ineichen Fleisch, secrétaire d'Etat à l'Economie suisse qui a ouvert le bal. Sans trop tarder sur les avancées enregistrées par l'Algérie dans plusieurs domaines notamment sur le plan législatif et le cadre réglementaire, la représentante du gouvernement helvétique lancera la première attaque en direction de l'Exécutif algérien, en remettant sur le tapis certaines “contraintes” qui risquent, selon elle, de dissuader l'intention des opérateurs de vouloir investir en Algérie. “Nous faisons entière confiance à l'Algérie au vu des réformes engagées par le gouvernement en matière du cadre réglementaire inhérent à la promotion de l'investissement. Mais il existe encore des obstacles.” Pour étayer sa thèse, elle évoque le volume d'investissement suisse en Algérie ces dernières années “mais qui reste en deçà des objectifs escomptés par les deux parties, et ce, par rapport à l'Egypte à titre d'illustration, qui a atteint les 3 milliards de francs suisses”. Mettant en avant ce constat, elle n'hésitera pas alors à réitérer la doléance déjà formulée lors de sa visite effectuée en octobre dernier à Alger, à savoir la révision de la loi des 49/51% introduite à la faveur de LFC 2009, laquelle limite à 49% l'actionnariat étranger dans les investissements réalisés en Algérie, et les 51% restants devant revenir aux partenaires algériens. Sans le déclarer explicitement, la secrétaire d'Etat a laissé entendre qu'il n'est pas aisé de convaincre les “entreprises helvétiques à venir investir dans votre pays avec cette règle de 49/51%”. Tout en insistant sur la nécessité de démanteler les barrières douanières à l'instar des conventions signées avec d'autres pays du Nord. En attendant, Mme Marie-Gabrielle Ineichen Fleisch a exprimé le vœu d'accélérer les négociations entre Alger et Berne pour la signature de l'accord commercial de libre-échange. “Le cadre légal d'investissement en Algérie est bon, mais il n'est pas encore parfait”, a conclu la secrétaire d'Etat suisse, avant de céder la tribune au ministre algérien, M. Mohamed Benmeradi. Ce dernier tentera de convaincre les opérateurs suisses présents dans la salle et d'apporter des éléments de réponse aux questionnements formulés par son homologue helvétique. Le représentant du gouvernement a mis en avant des arguments de nature à captiver l'esprit des chefs d'entreprise suisses sur les grandes potentialités d'investissement en Algérie et les facilitations accordées pour développer davantage les investissements directs étrangers (IDE). “On a identifié pas moins de 51 filières industrielles où nous avons des potentialités”, a-t-il lancé, avant de rappeler le programme d'investissement public pour le quinquennat 2010-2014 qui tourne autour de 286 milliards de dollars dont 130 milliards de dollars seront consacrés au parachèvement des projets mis en branle avant le quinquennat actuel. “C'est dire tout simplement que l'Algérie offre des opportunités d'affaires importantes.” Ce chiffre n'a pas laissé indifférents les entrepreneurs suisses qui n'ont pas d'ailleurs manqué, lors des débats, d'exprimer leur intérêt à ce marché porteur. M. Benmeradi ira plus loin : “La solvabilité et la stabilité politique et financière offre à l'Algérie des moyens attractifs et des atouts considérables pour drainer des IDE, et ce, au moment où beaucoup de pays du monde vivent au rythme de la crise des dettes. D'ailleurs, à présent il est très difficile de trouver un pays qui ne soit pas menacé par la crise mondiale.” À cet effet, il évoquera le cas du groupe cimentier français Lafarge qui vient de signer un accord d'investissement en Algérie portant sur la production de ciments, et ce, selon les dispositions de LFC 2009. Plus loin, il rappellera encore que la règle 49/51, avant sa promulgation, a fait l'objet de plusieurs concertations et consultations par des experts internationaux qui n'ont émis aucune réserve. “Cette loi ne constitue pas un obstacle à l'investissement.” Poursuivant sa plaidoirie, le ministre de l'Industrie reviendra sur l'accord de libre-échange tant réclamé par la secrétaire d'Etat suisse. “C'est un chantier ouvert depuis des années, on n'a pas encore fini les négociations”, dira M. Benmeradi. Il insistera pour affirmer que l'accord signé avec l'Union européenne a été reporté jusqu'à 2020. Cette réponse suggère que l'accord de libre-échange avec la Suisse n'est pas dans les priorités de l'Algérie. H. H.