Sous-facturations, importation de produits ne répondant pas aux normes Trafic sur l'aluminium Les producteurs locaux se sentent lésés par cette concurrence déloyale. Les fausses déclarations n'épargnent aucun produit importé. Même l'aluminium ne semble pas échapper à ce procédé. C'est du moins ce que confirme un certain nombre de producteurs qui, confrontés à une concurrence déloyale, ont interpellé la douane algérienne “sur une situation des plus préoccupantes concernant l'activité et le commerce des métaux non ferreux, notamment l'aluminium”. L'aluminium, importé actuellement par certains opérateurs, nous dit-on, a une origine diverse (Turquie, Tunisie ou encore Jordanie). Les professionnels doutent de la qualité du produit. Ils soulèvent moult inquiétudes et interrogations quant à son alliage (composition éléments ferreux). Il semblerait que la société nationale Algal avait déjà signalé cette infraction, en introduisant plusieurs recours auprès des institutions concernées. L'alliage requis pour la transformation de profilé en porte, fenêtre, agencement, mur rideau et autre ouvrages liés au bâtiment, explique-t-on, doit être composés d'éléments propres sous les normes 6060 à 6063 T5 ou T6 (point de fusion), normes reconnues sur le plan international par les professionnels du bâtiment. Sur le plan administratif, les profilés importés doivent avoir un classement tarifaire qui leur est réservé par la nomenclature des douanes, basée sur la convention internationale du système harmonisé de désignation et de codification de marchandise. Les producteurs parlent de la position tarifaire 76012000 sans DAP (droit additionnel provisoire), auquel il faut greffer une plus-value variant entre 400 et 700 dollars la tonne pour obtenir un produit fini, de position tarifaire 76041000 ou 76042900 avec DAP, destiné à l'assemblage et non à la production ou autre traitement. Du point de vue de ces producteurs, “l'administration douanière se rend ainsi complice d'un comportement mafieux si elle accepte volontairement ou non à la fois de fausses positions tarifaire et des valeurs sous-facturés pour un produit coté en bourse”. Le premier responsable de la société générale de métal et d'aluminium, une entreprise privée, M. Aberkane, parle “de pratiques amorales, par lesquelles tout le secteur se retrouve désarticulé et sans repères fiables”. Son groupe a investi plus de 15,5 milliards de centimes dans les biens d'équipement destinés à produire de l'aluminium. “Mais, en même temps, notre douane nous exécute par un coup de grâce laissant libre la voie à la spéculation et à la fraude à une mafia sans scrupule détruisant sur son passage un tissu industriel déjà affaibli.” Un tissu industriel par la nécessité de se mettre à niveau pour affronter la compétition qui s'annonce avec l'adhésion de l'Algérie à l'OMC. M. Aberkane dit avoir pu “calculer approximativement le montant de la perte sèche causée au trésor public”. Selon lui, elle s'élève à plus de 183,168 millions de DA (DAP 36%), sur la base d'un tonnage importé durant l'exercice 2003. le patron de Sogemetal, lui aussi, a saisi la douane, “pour enrayer ce phénomène”, qui risque de mener ce secteur à la faillite. Lui, du moins, affirme être disposé à travailler avec la douane, pour combattre ce qu'il qualifie de pratiques déloyales. M. R.