À l'approche des examens scolaires, un grand nombre de parents d'élèves sont hantés par les conséquences de l'échec scolaire de leurs enfants. Du coup, ils n'hésitent pas à mettre la main à la poche pour leur payer des cours de soutien. “Oui, je paye des cours de soutien à mon fils. En plus des mathématiques, je cherche un enseignant de français pour des cours de rattrapage”, affirme un parent d'élèves. Si dans le moyen, des cours de rattrapage en langue arabe, en mathématiques et en langue française sont obligatoires et gratuits, dans le secondaire, les élèves s'orientent vers les cours particuliers payants dans un cadre informel : “Nous travaillons au noir. Parfois, on loue des locaux inadaptés et nous travaillons pour 1 500 DA/mois”, confie un professeur de sciences expérimentales. Les coûts peuvent aller jusqu'à 3 000 DA/mois dans une école privée ou pour des cours à domicile. Même au primaire, des parents n'hésitent pas à sacrifier les heures de jeu et de repos des enfants pour les envoyer suivre des cours de soutien. Une pratique, pourtant, dénoncée par les psychologues. D'autre part, plusieurs parents fustigent l'anarchie de ces cours de soutien et les dérapages qui s'en suivent : “Nous préférons que les cours de soutien soient encadrés par les professeurs à l'intérieur de l'établissement scolaire. Oui, nous sommes prêts à payer l'effort des enseignants.” Cependant, ce marché des cours de soutien, un pactole de plusieurs milliards de centimes à l'échelle nationale, doit connaître une réglementation stricte et claire pour éviter les abus, selon les avis des interviewés. Aujourd'hui, vu la crise de l'emploi, les parents ont peur de l'échec scolaire de leurs enfants : “Quand vous avez un taux de 40 % d'échec au bac, c'est inquiétant. En Europe, le taux moyen de réussite au bac dépasse les 80 %. Avec un diplôme universitaire, l'enfant a plus de chances de réussir sa vie professionnelle”, avoue un couple de médecins. De son côté, le ministère de l'Education refuse les cours de soutien payants au sein des établissements scolaires suite à plusieurs dérapages et contraintes d'ordre pédagogique. “Certains professeurs poussent leurs élèves à s'inscrire dans leurs cours de soutien pour arrondir leur fin de mois. Ils n'hésitent pas à jongler avec les notes”, confie un élève de 3e année moyenne. “C'est possible ! Avec les dernières affaires sur les falsifications de notes à l'université de Sidi Bel-Abbès et celle d'Oran, de mauvaises pratiques dans les collèges et les lycées sont probables”, déclare un PES oranais. Sur un autre registre, il faut rappeler qu'un grand nombre de scolarisés travaillent dans des conditions difficiles. “Outre le mauvais état de plusieurs établissements scolaires, la violence, la surcharge des classes et la fragile santé de certains éducateurs donnent des résultats mitigés”, constate un syndicaliste. Noureddine Benabbou