Plusieurs raisons sont invoquées pour justifier la privatisation des entreprises publiques, les plus importantes sont : 1- une approche idéologique, qui consiste à croire qu'il n'y a pas de compatibilité entre l'efficacité économique et l'existence d'un secteur public productif. L'économie de marché, c'est la disparition de la propriété de l'état dans le secteur productif. Par conséquent, on privatise pour renforcer le rôle du secteur privé dans l'économie tout en libérant l'état de cette charge. La privatisation est alors le seul moyen d'instaurer un système de gouvernement d'entreprise (corporate governance) qui peut venir à bout de la faiblesse de la propriété de l'état et qui peut rendre les entreprises responsables de leurs coûts et leurs profits. 2- la réhabilitation du secteur public productif. On privatise pour améliorer le niveau de productivité nationale. 3- la mobilisation de ressources financières pour le Trésor public. On privatise pour générer les ressources financières par la vente des entreprises publiques aux investisseurs étrangers et nationaux. 4- l'allégement de la pression sur le budget de l'état. On privatise pour réduire les subventions aux entreprises déficitaires. 5- l'attrait des investissements directs étrangers pour stimuler la croissance. Face à la faiblesse de l'épargne publique, on privatise pour attirer les investisseurs étrangers afin de réaliser les investissements nécessaires à la croissance économique. 6- l'activation des marchés de capitaux. On privatise pour promouvoir la mobilité du capital à travers les marchés nationaux. Lorsque nous prenons en compte la structure de l'économie (niveau d'industrialisation, dépendance de l'extérieur pour l'approvisionnement du marché, la volatilité et la fragilité face aux chocs externes caractéristiques d'une économie de rente...), les distorsions au départ, notamment une économie informelle importante, l'aisance financière actuelle, nous arrivons à la conclusion que la raison la plus valable de privatiser, dans le cas algérien, se situe dans la réhabilitation du secteur public productif. Dans ce cas, la priorité doit aller vers la restructuration du secteur des entreprises. Une règle fondamentale s'impose : la restructuration du secteur des entreprises a peu de chances de réussir si elle n'est pas faite simultanément avec celle du secteur financier ! Le secteur financier est le moteur de la restructuration, parce que les premières actions à réaliser pour améliorer l'efficience des entreprises publiques économiques consistent à : a) rendre l'entité du secteur public plus proche de l'entreprise du secteur privé dans sa philosophie et dans ses opérations. b) assurer une restructuration financière pour immuniser l'entreprise des décisions passées. c) modifier les contraintes législatives de l'entreprise pour lui permettre plus de liberté dans l'élaboration de ses stratégies. d) privatiser le financement de l'entreprise pour l'obliger à se concentrer sur sa performance financière. e) réaliser des accords avec le secteur privé pour accéder à la technologie et à l'expérience de gestion financière et managériale. f) concentrer l'entreprise sur ses métiers de base, c'est-à-dire désinvestir dans les parties de l'entreprise lorsqu'applicable tout en maintenant la propriété gouvernementale dans les domaines considérés nécessaires pour le bien public par le gouvernement, g) mettre en place un système de collecte de l'information qui procure une information financière pertinente, une information opérationnelle pertinente et une information dans une période de temps raisonnable. à jeudi prochain pour la suite de notre analyse. Entre-temps, débattons des meilleurs moyens d'avancer vers un avenir de progrès et de prospérité pour tous les Algériens. à la tentation du pessimisme, opposons la nécessité de l'optimisme !