Le président russe Dimitri Medvedev a dénoncé jeudi les “provocateurs et extrémistes” de l'opposition qui poussent le pays vers le “chaos”, tout en promettant une grande réforme assouplissant le système politique. L'ex-dauphin de Poutine a affirmé avoir “entendu” les appels au changement. “Les gens ont le droit d'exprimer leur opinion par tous les moyens légaux, mais les tentatives de manipuler les citoyens russes, de les induire en erreur et d'attiser les conflits sociaux sont inacceptables”, a déclaré celui qui devrait prendre la place de son mentor, dans l'opération de changement de chaises musicales qui doit avoir lieu lors de la présidentielle de 2012. Poutine reprend le Kremlin et Medvedev la place de Premier ministre. “Nous ne laisserons pas les provocateurs et extrémistes entraîner la société dans leurs aventures. Nous ne tolérerons pas non plus d'ingérence de l'étranger”, a-t-il ajouté lors de la première réunion du nouveau Parlement russe, reprenant les critiques déjà exprimées par son Premier ministre, Vladimir Poutine, qui a accusé les Etats-Unis d'avoir attisé la contestation en Russie. Les législatives ont suscité une contestation sans précédent dans le pays depuis les années 1990, l'opposition dénonçant de vastes fraudes au profit du parti au pouvoir Russie unie qui a gardé la majorité absolue à la Douma (Chambre basse). “Je propose une réforme complète de notre système politique”, a promis Medvedev, annonçant notamment le retour à l'élection directe des gouverneurs de région, nommés par le Kremlin depuis 2004, l'assouplissement des règles d'enregistrement des partis politiques et l'abaissement de deux millions à 300 000 du nombre de signatures d'électeurs à présenter pour l'enregistrement d'une candidature à la présidentielle. Un des leaders de l'opposition libérale, Boris Nemtsov, a proposé, à l'antenne de la radio Echo de Moscou, de prendre au mot le président russe en exigeant que les réformes politiques soient votées avant le 1er février 2012. Medvedev n'a en effet pas précisé quand ses propositions entreraient en vigueur. Sergueï Mitrokhine, leader du parti d'opposition Iabloko, a estimé de son côté que ces propositions ne répondent pas à la principale question, qui est de savoir si les législatives frauduleuses seront invalidées. Le Président russe a indiqué faire ces propositions en accord avec Poutine qui a annoncé son retour au Kremlin à la présidentielle de mars. La présidence russe a d'ailleurs annoncé jeudi la nomination d'un proche de Poutine, ancien membre comme lui du KGB soviétique, Sergueï Ivanov, à la tête de l'administration du Kremlin. Ce poste est vacant depuis l'élection de son prédécesseur Sergueï Narychkine, présumé lui aussi être issu des rangs de l'ex-KGB, à la tête de la Douma. Pour les observateurs et démocrates russes, les propositions de Medvedev visent à désamorcer la contestation pour permettre au régime de se maintenir. Le pouvoir russe est contraint à des changements de son système, s'étant aperçu qu'il ne pouvait plus faire aujourd'hui ce qu'il faisait hier. Jusqu'à 200 000 personnes pourraient manifester aujourd'hui à Moscou, une mobilisation inédite depuis l'arrivée au pouvoir de Vladimir Poutine en 2000. La contestation enfle dans le pays après les législatives du 4 décembre marquées par des accusations de fraudes massives. D. B