Le président de l'Assemblée populaire nationale (APN), Abdelaziz Ziari, a voulu blanchir cette institution des critiques acerbes qui lui sont adressées de toutes parts. C'est, en effet, à l'occasion d'un bilan qu'il a dressé de la législature qu'il préside depuis 2007 que Ziari a brossé un tableau plus que satisfaisant d'une institution pourtant largement critiquée pour son manque de légitimité, son absence d'initiative ainsi que son alignement systématique sur les positions du gouvernement. Aux yeux du président de l'APN, “ceux qui s'attaquent à l'institution parlementaire en Algérie s'en prennent à la démocratie et non pas à un régime”. Ziari, qui s'exprimait dans un entretien à l'hebdomadaire Jeune Afrique, dans lequel il répond à une partie de l'opposition qui accuse la majorité à l'APN d'avoir édulcoré les réformes politiques proposées en avril dernier par le président de la République, ne reconnaît pas que l'institution qu'il préside a totalement vidé ces réformes de leur sens. En témoigne pourtant la suppression de la disposition de la loi électorale obligeant les ministres candidats à la députation à démissionner trois mois avant les législatives. Il en est de même s'agissant du projet de loi concernant l'élargissement de la participation des femmes dans les assemblées élues où la disposition inhérente au classement des femmes sur les listes électorales a été supprimée par les députés de la majorité présidentielle. Interrogé sur la disposition du projet de loi organique relatif au régime électoral prévoyant de déchoir de son mandat l'élu qui change de parti pendant la législature, Ziari a eu une réponse angélique. “J'assume totalement ce choix, car je suis pour la République des citoyens, par pour celle des partis. Nomade ou pas, l'élu tire sa légitimité du suffrage universel et non du programme d'un parti”, a-t-il dit. Comme si le suffrage du citoyen ne peut avoir le moindre lien avec le programme ou le projet d'un parti. Selon lui, “l'ensemble des composantes politiques de notre Assemblée a pu s'exprimer en toute liberté. L'opposition a défendu ses points de vue, tout comme la majorité”. Aussi, aux yeux de Ziari, le bilan de cette législature est plus que positif. “Cette législature a enregistré 1 100 interpellations de l'Exécutif, avec 850 questions orales et 695 écrites, soit une moyenne de 300 interpellations par an, et 25 propositions de loi, dont 12 émanant de députés de l'opposition”. À une question sur “un déficit de légitimité” que traînerait l'Assemblée pour avoir été élue par 35% du corps électoral, M. Ziari a répondu que cet argument n'était pas recevable. “Il y a quelques mois, des législatives ont été organisées au Maroc. Ces élections ont été présentées comme des noces démocratiques avec un taux de participation de 40%. Pourquoi, avec cinq points de participation en moins, serions-nous frappés d'illégitimité”, s'est-il interrogé. Apparemment, l'écrasante majorité des 65% des électeurs qui n'ont pas voté pour cette assemblée ne pèsent pas lourd aux yeux de Abdelaziz Ziari. Il sait pourtant que le vrai taux de participation était encore inférieur à celui déclaré officiellement, comme à toutes les consultations électorales du reste. N.M.