Alors que la Syrie est en proie à des manifestations ininterrompues depuis le mois de mars dernier, qui ont causé la mort de plus de 5 000 Syriens selon les chiffres de l'ONU, Bachar Al-Assad a nié toute responsabilité dans ce massacre, tout en pointant du doigt des “parties étrangères” cherchant à déstabiliser le pays. Qui donne l'ordre de tirer sur les manifestants en Syrie, dont plus de 5000 ont été tués par balle selon les chiffres des Nations unies depuis le début de l'insurrection populaire en mars 2011 ? La question mérite d'être posée, car le chef suprême des forces armées syriennes, le président Bachar Al-Assad a nié, dans un discours d'une heure quarante-cinq retransmis par la télévision officielle, avoir donné l'ordre de tirer sur le peuple. “Aucun ordre n'a été donné de la part d'aucune autorité pour ouvrir le feu” sur des manifestants, a affirmé le chef de l'Etat syrien, qui a souligné au passage que “selon la loi, personne ne peut ouvrir le feu sauf en cas d'autodéfense”. La question qui se pose d'elle-même est de savoir comment plus de 5 000 manifestants syriens ont été tués par balle, sans que des poursuites soient entamées contre les auteurs ? Les soldats ou les policiers ayant usé de leurs armes à feu n'étaient tout de même pas tous en situation de légitime défense. Ils ont certainement obéit à des ordres. Reste à savoir d'où émanaient ces ordres. Et c'est ce que devrait chercher à déterminer Bachar Al-Assad, si réellement il n'en est pas responsable. Il n'en est pas encore à ce stade, et son seul souci demeure sa légitimité, qu'il a coûte que coûte tenté de démontrer en ajoutant : “Je gouverne avec la volonté du peuple et si je renonce au pouvoir ce sera aussi avec la volonté du peuple.” Poursuivant dans le même sens, il accusera des parties étrangères de “chercher à déstabiliser” le pays. Il s'en prendra alors aux “médias internationaux” qui tentent, selon lui, “sans relâche de pousser la Syrie à l'effondrement”. “Ils ont échoué mais ne désespèrent pas” de le faire, dira-t-il. Le président syrien a affirmé que le rétablissement de la sécurité dans le pays était “la priorité absolue”, tout en promettant de frapper les “terroristes” d'une main de fer, car, soulignera-t-il : “Il ne faut pas tolérer ceux qui terrorisent les gens, ni ceux qui sont complices avec les (parties) étrangères.” “La bataille avec le terrorisme c'est notre combat à tous, tout le monde doit y participer, mais un Etat fort c'est un Etat qui sait pardonner”, insistera-t-il dans cette quatrième intervention télévisée depuis le début de la révolte populaire. Cherchant à apaiser les esprits, le président syrien annoncera la tenue d'un référendum populaire sur une nouvelle Constitution “la première semaine de mars”, une fois que “la commission sur la nouvelle Constitution aura terminé ses travaux”. S'adressant à l'opposition, Bachar Al-Assad a réitéré la détermination et la disposition du gouvernement à un dialogue ouvert et continu avec les différentes parties sans exclusion pour concrétiser d'importants changements démocratiques, dont une nouvelle Constitution. “Nous sommes ouverts et toujours disposés au dialogue avec les déférentes parties. Mais certaines forces de l'opposition ne sont malheureusement pas prêtes à ce dialogue”, insistera-t-il. Ce discours du président syrien intervient alors que la mission d'observation dépêchée depuis le 26 décembre dernier par la Ligue arabe poursuivait sa mission dans le pays, en dépit de difficultés sur le terrain en raison de la poursuite des violences. Cette mission entre dans le cadre d'un plan de sortie de crise de la Ligue arabe prévoyant l'arrêt des violences, la libération des détenus, le retrait de l'armée des villes et villages, et la libre circulation des observateurs arabes et des médias. Dimanche, à l'issue d'une réunion au Caire, le comité ministériel de la Ligue arabe, en charge de la crise syrienne, s'est prononcé pour la poursuite et le renforcement de la mission d'observateurs en Syrie, en dépit des réserves de certains milieux quant à son efficacité. M.T.