L'homme fort de la Russie se fait plus doux! Vladimir Poutine, l'ex-agent du KGB devenu Premier ministre sous Eltsine, puis patron du Kremlin durant deux mandats et chef du gouvernement de Dimitri Medvedev à qui il avait cédé la présidence de la République dans un jeu de chaise musicale pour ne pas amender la Constitution, opère un virage à 180 degrés ! Il revêt les habits d'un réformateur démocrate et reprend plusieurs thèmes de l'opposition. À moins de trois mois de la présidentielle, les autres partis doutent de sa sincérité. Lui qui jusqu'ici avait cultivé l'image d'un partisan de la force, voilà que sur son site de campagne, il évoque un nouveau modèle : “Il nous faut repenser tout le système de protection des intérêts de la société et renoncer à la tendance à une répression excessive. Cette situation déforme notre société et la rend moralement malsaine”. Inimaginable de la part d'un homme qui n'a pas arrêté de bomber le torse, allant jusqu'à s'identifier au tsar. Il est loin son discours du 15 décembre 2011, quand, face aux manifestants qui contestaient la validité de la victoire de son parti aux législatives, il a comparé lors d'une émission de télévision ses opposants à une “tribu de singes”. Depuis ces élections que l'opposition a jugées illégales parce que frappées du sceau de trafics en tous genres, la Russie est le théâtre de manifestations populaires contre le régime et qui montent crescendo. Le prochain rendez-vous sur l'ex-Place Rouge de Moscou est prévu le 4 février. Le Premier ministre reste le favori du scrutin présidentiel, mais les opposants utilisent désormais chaque espace de liberté pour contester sa présence. Comme elle ne donne aucun crédit à ses nouvelles promesses, lui rétorquant pourquoi n'a-t-il pas promu la démocratie durant ses 12 années de pouvoir ? Pour eux, Poutine dénonce et annonce son engagement dans la lutte contre la corruption et l'arbitraire, promettant des “mécanismes réels de contrôle des activités des autorités par la société civile”, ce sont des promesses électorales pour être élu à nouveau président au mois de mars. “Ça ressemble au programme d'un candidat qui n'occupe pas les fonctions clés de l'Etat”, s'est étonné Sergueï Mitrokhine, dirigeant du parti Labloko, la troisième force du pays et qui demande à Poutine au moins d'expliquer aux Russes pourquoi ces nouveaux thèmes n'ont jamais été mis en œuvre ? Son site de campagne est squatté par des internautes qui demandent le retrait de sa candidature. Ses annonces ne font pas illusion. Pas de confrontation directe avec ses rivaux. Vladimir Poutine a fait savoir qu'il ne débattra pas avec ses concurrents, au prétexte que ses fonctions à la tête du gouvernement l'en empêcheraient ! En réalité, Poutine dont la cote à pris un coup même s'il reste favori, craint que les débats électoraux télévisés ne soient plus en sa faveur maintenant que le mur de la peur s'est lézardé et que les populations n'ont plus peur des services de sécurité à sa dévotion. Depuis plusieurs semaines, le pouvoir russe est confronté à une vague de contestations après des élections législatives jugées frauduleuses par des observateurs et l'opposition. Et, le recours au complot étranger ne fonctionne plus. Le procureur général de Russie, Iouri Tchaïka, et le chef du Conseil de sécurité russe, Nikolaï Patrouchev, ont dénoncé jeudi le rôle de l'étranger dans l'organisation de la contestation sans précédent contre le régime de Vladimir Poutine, reprenant des accusations déjà formulées par l'actuel Premier ministre et candidat à la présidentielle de mars, Poutine, qui a accusé les Etats-Unis de soutenir ses détracteurs. Le chef du Conseil de sécurité russe a expliqué que comme lors du Printemps arabe, les réseaux sociaux sur internet étaient utilisés depuis l'étranger contre le pouvoir russe. Les dizaines de manifestations ayant rassemblé des dizaines de milliers d'opposants en décembre à Moscou montrent qu'ils ne sont plus dupes ainsi que le russe lambda qui s'interroge lui aussi sur la longétivité de leurs gouvernants et leur inefficacité quant au règlement des problèmes qui touchent le plus grand nombre. Le régime est inquiet au point où le communiste Ziouganov dit avoir des chances de gagner face à Poutine. D. B