Quatre ans après avoir cédé son siège de la présidence russe à Dimitri Anatolevich Medvedev, actuel président russe, le Premier ministre russe, Vladimir Poutine, 59 ans, a été désigné, hier, devant quelque 11 000 de ses partisans réunis en congrès à Moscou, candidat à la présidentielle du 4 mars prochain. Poutine qui ne pouvait rempiler un troisième mandat en 2008, comme le stipule la Constitution russe, avait poussé son bras droit Medvedev à briguer la présidence il y a 4 ans. Sa désignation comme candidat à la présidence russe vient entériner l'annonce faite, fin septembre, par M. Medvedev, qu'il allait quitter la présidence en 2012 pour laisser le Kremlin à son prédécesseur et mentor. Ayant effectué deux mandats présidentiels consécutifs en 2000 et en 2004, Vladimir Poutine ne pouvait légalement se représenter. Toutefois, il reste la figure de proue du régime et l'homme fort du pays. Sa très probable élection, en mars prochain, lui permettrait théoriquement de rester chef de l'Etat jusqu'en 2024. Nommé Premier ministre en 1999, M. Poutine, un ancien agent du KGB, dirige d'une main de fer la Russie depuis 2000. Homme à poigne, il est accusé par ses détracteurs d'avoir mis en place un système politique sur-mesure, s'attaquant à la liberté de la presse et réduisant à un rôle insignifiant l'opposition. Il est aussi très critiqué en raison de la sanglante seconde guerre de Tchétchénie. Des critiques qui ne semblent pas entamer l'enthousiasme de ses partisans, qui voient toujours en lui l'homme providentiel. C'est donc devant ce parterre de disciples que Poutine a mis en garde l'étranger contre toute tentative d'ingérence dans le scrutin. «Je suis reconnaissant au président (Medvedev), au congrès de Russie unie, de me désigner et de me demander d'être candidat au poste de président de la Russie. Bien sûr, j'accepte cette proposition avec reconnaissance», a déclaré M. Poutine sous les applaudissements des congressistes. Porté par les acclamations de la foule, l'homme fort de la Russie a souligné que son pays était une «démocratie» et a mis en garde l'étranger contre toute tentation de s'ingérer dans le processus électoral. Dans une allusion à peine voilée en direction de l'Occident, il accusera, dans ce sillage, des Etats étrangers de financer des ONG «en vue d'influencer le cours de la campagne électorale dans notre pays». Poutine préviendra qu'il s'agissait d'un «travail inutile, de l'argent jeté par les fenêtres». Les délégués de Russie unie ont ensuite adopté à l'unanimité sa candidature, une décision qui fait suite à une annonce, en ce sens, faite fin septembre lors d'un précédent congrès. Sa désignation intervient à une semaine jour pour jour des législatives qui devraient confirmer la suprématie du parti Russie unie. Dimitri Medvedev, s'exprimant juste avant son mentor, a appelé le pays à voter pour le dirigeant «le plus expérimenté et le plus populaire» du pays. «La majorité absolue de notre pays fait confiance et lie ses espoirs pour l'avenir à (Poutine)», a-t-il dit. «Votez pour notre programme, pour notre avenir, et votez ainsi pour notre candidat à la présidence», a-t-il encore souligné devant les participants réunis au stade Loujniki. Les autres intervenants au meeting se sont succédé après pour louer le bilan de M. Poutine depuis son arrivée au pouvoir en 2000. Ce dernier aurait, selon ses partisans, apporté à la Russie «la stabilité» après le chaos qui a suivi la chute de l'URSS en 1991. En vrai jeu de chaises musicales, la probable réélection de Poutine à la tête de la Russie octroierait à l'actuel chef de l'Etat le poste de Premier ministre. Aucun autre parti politique n'a, pour le moment, désigné de candidat, mais les observateurs s'attendent à ce que le communiste Guénnadi Ziouganov et l'ultra-nationaliste Vladimir Jiriniovski, vétérans des scrutins présidentiels depuis les années 1990, y participent à nouveau.