Tout indique que le transfert de la souveraineté aux Irakiens n'est en fin de compte qu'une grande supercherie. Ce n'est que de la poudre aux yeux de la communauté internationale. Washington garde tous les pouvoirs à Bagdad, à travers son nouvel ambassadeur, John Negroponte, qui hérite de la place et des pouvoirs de Paul Bremer. Il suffit d'interpréter les propos de l'ex-représentant des Etats-Unis à l'ONU lors de sa prestation de serment au département d'Etat US, pour comprendre qu'il s'est installé dans la capitale irakienne dans l'unique objectif de continuer à gérer l'Irak en attendant de "donner le pouvoir aux Irakiens pour assumer de plus en plus de responsabilités". Cette phrase de Negroponte résume parfaitement les intentions américaines quant à l'avenir immédiat de l'Irak. Mieux, le diplomate US a également affirmé vouloir orienter la tendance des événements dans ce pays "dans la bonne direction". Celle-ci ne peut être que la protection des intérêts américains en Irak. Le maintien pour une durée indéterminée des 141 000 soldats de la coalition sur le territoire irakien (dixit George Bush) est la meilleure preuve que l'autorité demeure entre les mains américaines. Aujourd'hui, Saddam Hussein et onze de ses lieutenants seront remis aux Irakiens, mais demeureront toujours sous la garde de soldats de la coalition. L'information a été rendue publique hier par le Premier ministre irakien, qui se désavoue après avoir pourtant annoncé auparavant que le président irakien déchu aura pour geôliers des Irakiens. Il s‘agit d'une ultime insulte au nouveau pouvoir irakien, en qui les Américains ne semblent avoir aucune confiance, ou le considèrent incapable de garder douze prisonniers. Apparemment, le but de la remise fictive de Saddam Hussein aux Irakiens, est de lui faire perdre son statut de "prisonnier de guerre" que lui avait attribué la coalition après les vives protestations du Comité international de la Croix-Rouge. Ce procédé facilitera son inculpation et son jugement rapide. Jusque-là, les faits indiquent que le président irakien Ghazi Al Yaouar et son Chef du gouvernement Iyad Allaoui sont là uniquement pour le folklore. Non seulement, ils obéissent au doigt et à l'œil aux Américains, mais ne prennent aucune initiative s‘ils ne sont pas orientés. À Bagdad et dans les autres villes irakiennes, rien n'a changé depuis hier d'après les comptes rendus des correspondants de la presse internationale. Pour les Irakiens, le transfert de la souveraineté n'est qu'une impression car le symbole représentant l'occupation, en l'occurrence les soldats de la coalition, est toujours là. K. A.