De Chirac au Parti socialiste, en passant par l'UMP, le PCF et la LCR, toutes les forces politiques françaises ont exprimé leur satisfaction après l'arrestation de Saddam Hussein, à l'exception du Front national de Jean-Marie Le pen. Porte-flambeau des antiguerre en Irak, mais exclue de la reconstruction du pays par les Etats-unis qui ont partagé le marché avec leurs alliés, la France a annoncé, hier, 24 heures après la capture de Saddam Hussein, un geste de bonne volonté à l'égard de la direction intérimaire irakienne. Geste qui peut servir ainsi à la réconcilier avec Washington. Paris s'est déclarée prête, à annuler partiellement la dette irakienne dès 2004, dans le cadre d'un accord du Club de Paris, ce qui pourrait accélérer une réconciliation avec Washington.“Dans le cadre du Club de Paris (qui regroupe les créanciers publics), la France, en liaison avec les autres créanciers, estime qu'un accord pourrait intervenir dès 2004, si les conditions sont réunies”, a dit le ministre français des Affaires étrangères, Dominique de Villepin à l'issue de ses entretiens avec des membres du Conseil intérimaire de gouvernement irakien. “La France pourrait alors envisager des annulations de dettes appropriées et compatibles avec la capacité de financement de l'Irak, c'est ce que je viens d'annoncer au président (du Conseil de gouvernement transitoire irakien Abdelaziz) Hakim et à sa délégation”, a-t-il ajouté, lors d'un point de presse commun. M. Hakim devait rencontrer dans l'après-midi le président français Jacques Chirac. À Moscou, le vice-ministre russe des Affaires étrangères, Louri Fedotov, a déclaré le même jour qu'une restructuration de la dette irakienne était possible dans le cadre du Club de Paris. Abdelaziz Al-Hakim a affirmé, lors de la conférence de presse aux côtés de M. de Villepin, que l'Irak devait avoir une “relation forte avec la France”. “Le peuple et le gouvernement français ont toujours été et sont aujourd'hui toujours aux côtés du peuple irakien”, a ajouté M. Hakim, en soulignant que la “France est l'un des premiers pays à insister sur un transfert de souveraineté le plus rapidement possible aux Irakiens”. Le président sortant du Conseil de gouvernement, Jalal Talabani, qui fait partie de la délégation en visite à Paris, s'est félicité de l'annonce de M. de Villepin en espérant “que d'autres pays européens vont agir comme la France”. Le dirigeant kurde a précisé que lorsque l'Irak “aura recouvré sa souveraineté, le pays pourra passer des contrats et que le marché sera libre et ouvert”. “Si les entreprises françaises présentent les meilleurs contrats, alors elles auront leurs chances, nous voulons une économie ouverte et libre”, a-t-il assuré. M. de Villepin avait affirmé auparavant que les entreprises françaises étaient “prêtes à contribuer au développement de l'Irak dans des conditions de transparence satisfaisantes”. La visite de la délégation du Conseil de gouvernement transitoire irakien à Paris coïncidait avec la tournée cette semaine en Europe de James Baker, l'envoyé spécial du président américain George W. Bush pour la dette irakienne, qui doit rencontrer aujourd'hui le président Chirac. La dette de l'Irak est estimée à 120 milliards de dollars, selon le Fonds monétaire international. Environ 41 milliards sont dus aux 19 membres du Club de Paris (Allemagne, Australie, Autriche, Belgique, Canada, Danemark, Espagne, Etats-Unis, Finlande, France, Irlande, Italie, Japon, Norvège, Pays-Bas, Royaume-Uni, Russie, Suède, Suisse). La délégation irakienne a été reçue par le président Jacques Chirac qui s'est réjoui de la capture de l'ancien dictateur déchu la qualifiant “d'évènement majeur” qui “permettra aux Irakiens de retrouver la maîtrise de leur destin dans un Irak souverain”. De Chirac au Parti socialiste, en passant par l'UMP, le PCF et la LCR, toutes les forces politiques françaises ont exprimé leur satisfaction après l'arrestation de Saddam Hussein, à l'exception du Front national de Jean-Marie Le pen, ami de Saddam, qui a évoqué “la résistance du peuple irakien à l'occupation américaine”. Le Premier ministre, Jean-Pierre Raffarin a salué “une bonne nouvelle qui doit ouvrir la voie à la souveraineté irakienne”. “Le Premier ministre forme le voeu que cessent ainsi les actes de guerre et les attentats terroristes qui se sont multipliés ces derniers mois afin que le pays retrouve la paix civile”, a ajouté Matignon. “C'est une excellente nouvelle pour le peuple irakien qui voit arrêter l'un des pires tyrans de la fin du XXe siècle (...) et pour les chances de la pacification en Irak, car d'une manière ou d'une autre, il est probable que Saddam Hussein participait à l'organisation de la poursuite des actes terroristes contre la coalition et contre le peuple irakien lui-même”, a déclaré le président de l'UMP Alain Juppé. François Hollande, premier secrétaire du PS, a relevé que “chaque fois qu'un dictateur est arrêté (...) c'est une bonne nouvelle pour la démocratie”. Il a demandé “un procès public”. “Si nous avons voulu une Cour pénale internationale, c'est pour que les dictateurs comme Saddam Hussein puissent être traduits devant elle”, a-t-il poursuivi. Yves Contassot, porte-parole des Verts, a souhaité que l'ancien président irakien soit condamné “pour génocide contre une partie de son peuple et pour tous les crimes qu'il a commis”. “Dans les circonstances actuelles, seul le Tribunal pénal international semble pouvoir juger Saddam Hussein”, a-t-il dit. Saddam Hussein doit “être jugé par les Irakiens”, a affirmé le Parti communiste, tout en considérant qu'il “devra aussi rendre compte des crimes contre l'humanité dont il est responsable devant la communauté internationale”. “Cette arrestation rend plus nécessaire et légitime que jamais, avec la fin de l'occupation étrangère, la restitution de la souveraineté pleine et entière aux Irakiens eux-mêmes”, a ajouté le PCF. Notons que “nul ne s'apitoiera sur le sort de Saddam Hussein, dictateur sanguinaire”, la Ligue communiste révolutionnaire (LCR) a jugé que son arrestation “ne saurait conférer la moindre légitimité à l'entreprise de colonisation de l'Irak par les Etats-Unis”. Jean-Pierre Chevènement, président d'honneur du MRC (Mouvement républicain et citoyen), a évoqué une “victoire incontestable de la coalition”, en notant que la capture de Saddam Hussein “ne change pas le fond du problème: celui du retour à la souveraineté et l'indépendance de l'Irak”. Pour le Front national, son délégué général Bruno Gollnisch a jugé que l'arrestation de l'ancien dictateur “ne résoudra pas le problème fondamental de l'évidente résistance du peuple irakien à l'occupation américaine”. “Je suis toujours très sceptique quant à l'organisation d'un procès équitable et je pense plutôt que nous serons ramenés aux temps barbares quand Jules César faisait étrangler Vercingétorix”, a-t-il ajouté. La presse française a également salué de façon unanime la chute sans gloire de Saddam Hussein. N. B.