La fausse initiative politique de Abassi Madani n'est qu'une suite logique de son exfiltration organisée. Après le démenti de l'armée, celui des partis politiques : “l'initiative portant sortie de crise” de Abassi Madani n'existe pas. Le mensonge est avéré. À moins que le chef du FIS dissous ait adressé sa “proposition” à celui qui fait fonction de ministre de la Défense, le président Bouteflika en l'occurrence. Auquel cas, Abassi détiendrait, certes, un argument de forme à même d'autoriser, dans une certaine mesure, sa tentative de faire croire que l'institution militaire a pris langue avec lui. La formule présente aussi l'avantage de laisser penser qu'il reste un acteur incontournable sur la scène politique algérienne. Un tel scénario laisse supposer inévitablement que “l'accord verbal” que Abassi Madani dit avoir obtenu de l'armée n'est, en fait, que celui de Abdelaziz Bouteflika. Voilà qui ferait alors du patron d'El-Mouradia un coéquipier de l'ancien locataire de la prison militaire de Blida. Et qui confirmerait que le chef de l'ex-FIS avait bel et bien bénéficié d'un coup de pouce du chef de l'Etat pour pouvoir quitter le territoire national. Ce que Farouk Ksentini suggère nettement, au demeurant. La fausse initiative politique de Abassi Madani n'est, dans ce cas, qu'une suite logique de son exfiltration organisée. Il faut dire que les deux hommes ont en commun le souci d'accabler les généraux et de laisser planer le doute quant à l'unité des rangs au sein de la hiérarchie militaire. Les généraux sont en effet perçus par l'un et par l'autre comme un obstacle à leurs desseins respectifs. L'un sait désormais qu'il n'est plus, aux yeux de l'armée, “l'homme du consensus” d'avril 1999. Il ne l'est pas plus, du reste, aux yeux de la classe politique. Il sait surtout que cela hypothèque gravement ses chances d'obtenir un second mandat. L'autre sait que ses chances de retour sur la scène politique légale dépendent aussi et surtout de l'issue du prochain scrutin présidentiel. Bouteflika ne s'était-il pas plaint, dès les premiers mois de son investiture, des “lignes rouges” qu'il ne pouvait franchir dans le processus de concessions aux islamistes qu'il avait engagé ? Il y a là amplement de quoi faire équipe et, pourquoi pas, contracter une alliance. Cette manœuvre opérée de concert annonce peut-être une telle alliance, si elle ne la met pas déjà en évidence. S. C.