Après une journée d'accalmie et un soleil de saison observé avant-hier, la neige était encore au rendez-vous hier à travers la totalité des communes de la wilaya de Tizi Ouzou, comme annoncé par le BMS météorologique. D'épais flocons de neige se sont abattus dès les premières heures de la matinée sur Tizi Ouzou, rendant la circulation difficile au chef-lieu de la wilaya et pratiquement impossible sur les voies menant vers les chefs-lieux des communes et vers les villages. Une neige précédée par une dense couche de verglas, ce qui a rendu impossible l'intervention des engins de déneigement. À Azazga et ses régions environnantes, la poudreuse blanche a chuté durant toute la nuit de dimanche à lundi et une bonne partie de la journée d'hier. Une couche de neige de 30 centimètres était perceptible sur la RN12, reliant la wilaya de Tizi Ouzou à celle de Béjaïa, qui est de nouveau fermée au trafic routier. Même constat pour la majorité des chemins et axes communaux recouverts de nouveau, replongeant les localités et bourgs dans un isolement quasi total. Pris de panique, certains citoyens ont pris d'assaut les commerces, stockant les produits alimentaires de première nécessité, ce qui a aggravé davantage les disettes. La demande sur le gaz butane est sans cesse grandissante. Des villageois, en dépit d'un froid glacial, passent des nuits entières à l'intérieur des stations de distribution, dans l'espoir de s'approvisionner en bonbonnes de gaz. Avant-hier, un camion chargé de bonbonnes de gaz a été intercepté sur la RN12, à Azazga, par un groupe de citoyens surexcités qui voulaient s'emparer du chargement. Fort heureusement, l'intervention rapide des éléments de la sécurité de daïra a permis la libération du camion qui a pu acheminer sa cargaison à sa destination initiale. Les actions de solidarité se poursuivent toujours, notamment à Yakourène où la commune a reçu d'un particulier un don consistant de 200 sacs de semoule et d'une quantité importante de cartons pleins de pâtes alimentaires, qui ont été distribués aux nécessiteux de la commune”, apprend-on du P/APC de cette commune, Tahar Issadi. Dans la localité de Bouzguène, les villageois continuent de subir les effets des intempéries. Lundi, les principales routes de la daïra, qui étaient partiellement dégagées, ont été de nouveau bloquées par de nouvelles chutes de neige qui ont touché tous les villages. Les engins des APC et ceux du privé ont eu beaucoup de mal à dégager une couche de neige collante qui est venue se tasser sur du verglas. L'absence des pouvoirs publics était très fortement ressentie par la population. Le manque criant de gaz butane fait jaser de nombreux villageois. Bien que des chargements aient été acheminés vers Bouzguène, ces derniers avaient des destinations précises. En dépit du fait que certains villages sont raccordés au gaz de ville, le gaz butane est devenu introuvable malgré les assurances des responsables sur les ondes de la radio locale. Point de cela, puisque sur la montagne d'Aït Zikki, cette matière énergétique est devenue rare, voire introuvable. “Nous attendons un chargement d'un camion mais nous avons peur qu'il soit intercepté par d'autres habitants à Bouzguène. Certains ne disposent que d'une seule bouteille. Ils brûlent du bois de coffrage pour se chauffer. Certains villages n'ont même pas été débloqués. Nous ne comprenons pas où sont les engins de l'ANP et les promesses de nous aider”, s'indigne cet habitant d'Iguer Mehdi (Aït Zikki). Par ailleurs, fournir des urgences médicales pour les malades dans ces conditions n'est pas chose facile, surtout pour les patients qui doivent se faire dialysés tous les deux jours, notamment dans les villages qui ont enregistré une couche de neige importante, ce qui rend impossible tout déplacement. À Akbil, dans la daïra d'Aïn El-Hammam, l'APC a réquisitionné un véhicule tout-terrain pour transférer des patients sous dialyse vers les hôpitaux du chef-lieu et de Tizi Ouzou. À Bouzguène, une femme souffrant d'insuffisance rénale a été évacuée à dos d'homme, dimanche dernier, sur trois kilomètres, jusqu'au lieudit Sidi-Addelouhab, avant d'être transportée à bord d'un véhicule tout-terrain vers l'hôpital d'Azazga, distant de 25 km, pour une séance de dialyse. Selon quelques patients, le service d'hémodialyse du CHU Nedir-Mohamed a fonctionné normalement ; idem pour les cliniques privées. Cette catégorie de malade est d'ailleurs appelée à s'orienter vers le CHU de Tizi Ouzou et l'hôpital de Draâ El-Mizan où elle sera prise en charge jusqu'à la fin de la tempête. S. B./H. C./N. O.