Fidèles à leur combat, Ammar Mansouri, chercheur spécialisé dans la question nucléaire et Me Fatiha Benbraham, avocate à la cour, n'ont pas manqué de marquer une halte, le 13 février, 52e anniversaire du premier essai nucléaire effectué à cette même date en 1960, par la France coloniale dans la région de Reggane, à Adrar. Essais nucléaires ou explosions atomiques ? Pour Me Benbraham qui se base sur le peu de documents ramassés depuis plusieurs années, la question est vite tranchée. “Ce sont de véritables bombes atomiques égales où supérieures à celle explosées à Hiroshima !” a-t-elle déclaré, hier, au forum Echaâb, non sans rappeler le lot de victimes humaines de ces expériences nucléaires françaises. D'où elle s'indigne légitimement de la non-application du traité de Rome, ratifié en 2000 par la France, qui stipule clairement la condamnation de toute expérience appliquée sur des sujets. Si Me Benbraham et M. Mansouri sont arrivés, à travers leurs recherches de plusieurs années, à la même conclusion quant à la gravité des essais nucléaires français dont les conséquences apparaissent à ce jour, les deux spécialistes conviennent à dire cependant qu'un long chemin reste encore à parcourir pour ramener la France à la raison de reconnaître ses crimes. “Oui, il reste encore un travail de longue haleine à faire pour peaufiner le dossier des essais nucléaires, d'où notre appel à l'unification des efforts consentis dans ce sens sur plusieurs fronts depuis l'Indépendance de l'Algérie”, a souligné M. Mansouri, à l'issue de son exposé riche en données. Pour ce chercheur, la solution consisterait en deux points essentiels, à savoir la promulgation des lois et leur stricte application ainsi que la récupération des archives “confisquées” par l'Etat français. Présentement, M. Mansouri se réjouit toutefois de certains acquis, notamment la reconnaissance par l'ONU de l'existence des essais nucléaires à travers pas moins de 100 pays au monde et ses récentes décisions visant la réhabilitation des victimes. Il annoncera, dans la foulée, l'organisation prochaine d'un congrès international sur les essais nucléaires lors duquel il sera question de débattre sur la prise en charge des victimes et la décontamination des zones affectées à travers le monde. À la question sur le rapport entre les accords d'Evian, restés “top secret”, et les essais nucléaires, Me Benbraham s'affiche convaincue que les négociateurs algériens n'avaient à aucun moment obtempérer à l'aspiration française de l'époque, qui a tenté de séparer le Grand Sahara algérien du reste de l'Algérie, donc les Algériens n'ont pas accepté d'accords autorisant les essais nucléaires français. “Je détiens les textes d'accord, et je défie quiconque qui dirait que l'Algérie avait accepté d'autoriser la France pour effectuer des essais nucléaires sur les territoires algériens”, s'exclame l'avocate. F A