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Essais nucléaires de la France en Algérie
La face cachée du colonialisme
Publié dans El Watan le 26 - 04 - 2006

Pour ressusciter cet épisode douloureux, l'association Machaâl El Chahid a invité, hier, à la bibliothèque de la faculté centrale (Alger), un groupe de chercheurs et d'hommes de droit pour débattre de ce sujet sensible, frappé du sceau de secret d'Etat par la France.
Premier à intervenir, le journaliste Montasser refuse l'expression « essais nucléaires » et trouve plus adéquat celui de « crimes nucléaires ». Les explosions atomiques, au nombre de quatre, ont commencé le 13 février 1960, et ce jusqu'au 25 avril 1961. Toutes les informations distillées à cette époque-là par la France sont, relève l'orateur, de la pure propagande voilant sciemment les effets dévastateurs de ces expériences. Ceux-ci consistent dans la radioactivité et la pollution qui avaient ravagé tout l'écosystème de la région et même des pays voisins. Le conférencier avance l'exemple de la catastrophe de Tchernobyl, dont les conséquences persistent à nos jours. L'explosion du 25 avril était un fiasco, pour l'orateur. En plus d'une chaleur torride et d'un violent cyclone, le système électronique n'a pas bien fonctionné, ce qui avait provoqué un désastre naturel dans tout le Sahara. Le journaliste dira que des milliers de travailleurs algériens et un groupe d'appelés français avaient été utilisés comme des cobayes dans ces explosions. Les bombes étaient fabriquées avec du plutonium, ce qui était plus toxique que l'uranium. Le nombre d'essais nucléaires en Algérie s'élevait à 17, dont 4 aériens et 13 terrestres dans le Hoggar. Trois fois Hiroshima De con côté, M. Mansouri, chercheur dans le centre nucléaire et dans l'histoire de la guerre d'Algérie, dira que ce dossier n'avait été ouvert qu'en 1996 par le ministère des Moudjahidine. La France avait procédé à des essais atmosphériques en Algérie en dépit de la contestation de la communauté internationale qui avait craint une catastrophe dans toute la planète. « 24 000 civils et militaires avaient été utilisés dans cette explosion, sans compter les populations de la région », a illustré le chercheur pour qui la bombe de février 1960 valait trois fois celle de Hiroshima. Le plutonium utilisé dans ces bombes demande 24 000 ans pour que diminue la moitié de ses effets. En outre, le démantèlement de ces sites par la France avait été fait d'une manière superficielle. Pour l'heure, M. Mansouri déplore que les populations de cette région n'aient pas été dépistées d'une manière systématique par les autorités algériennes. Le moment fort de cette conférence a été le témoignage de M. Chennafi, un sexagénaire, enlevé avec cinq de ses amis de Staouéli à Reggane où ils devaient travailler jour et nuit et préparer l'installation de la bombe nucléaire. « Plusieurs dizaines de civils algériens ont été entassés par les soldats français qui avaient, par la suite, fait exploser une bombe », raconte, ému, l'ami Chennafi qui ajoutera : « Après l'explosion de cette bombe, les victimes étaient parties en fumée. Même les ossements ont disparu. » Il explique que l'armée française avait fait exploser une bombe contre les civils juste avant l'explosion de la bombe nucléaire. « On était sommé par l'armée française de ne rien voir. On a creusé des tombes pour se cacher », ajoutera-t-il en estimant le nombre de personnes dans le site de Reggane à des milliers. Après leur retour à Alger, l'armée française les a encore sommés de ne rien raconter sous peine d'être exécutés. Pour sa part, l'avocate Benbraham a insisté sur la bataille que doivent mener les autorités algériennes pour récupérer les archives de la guerre d'Algérie, notamment les archives juridiques. Avançant l'exemple du procès Papon-Einaudi, elle indique que les archives nationales sont, en vertu de la loi française du 21 janvier 1979, interdites d'accès pour au moins jusqu'à 2020 ou plus. Pour l'avocate, les archives judicaires sont très importantes et leur interdiction relève de la « censure politique ». « On ne peut signer un traité d'amitié avec un pays qui nous cache notre histoire », a-t-elle conclu.

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