Comme un paranoïaque, le président syrien prépare son référendum sur son projet de nouvelle Constitution qui “mettrait fin au monopole du parti Baas”, au pouvoir depuis près de 50 ans. Isolé et combattu par ses pairs dont le plan a été adopté par l'assemblée générale de l'ONU, Bachar al-Assad continue de vivre dans sa bulle, soutenu par les Russo-Chinois. Alors que cette assemblée a endossé le plan de la Ligue arabe déposé par l'Arabie Saoudite, exigeant l'arrêt immédiat de la répression en Syrie et l'ouverture d'un processus de normalisation sans Bachar Al-Assad, celui-ci, comme un paranoïaque, prépare son référendum sur son projet de nouvelle Constitution qui “mettrait fin au monopole du parti Baas au pouvoir depuis près de 50 ans”. La date des élections est même retenue, le 26 février! Et, sans pour autant cesser de réprimer la révolte de ses populations. “Le système politique sera basé sur le principe du pluralisme politique et le pouvoir sera exercé démocratiquement à travers des élections”, assure le texte du projet de Constitution, publié par les médias officiels syriens. Aux Etats-Unis, le porte-parole de la Maison-Blanche a qualifié cette annonce de “plaisanterie”. Depuis 11 mois, “les promesses de réformes ont généralement été suivies d'une augmentation des violences et n'ont jamais été concrétisées par ce régime”, a déclaré le porte-parole Jay Carney. La Russie, grande alliée de Damas, a, en revanche, estimé que cette idée était “la bienvenue”. “Nous pensons très certainement qu'une nouvelle Constitution qui va mettre un terme à la domination d'un seul parti en Syrie est un pas en avant”, a déclaré le ministre russe des AE, Sergueï Lavrov. La Constitution syrienne actuelle, adoptée en 1973, dispose dans son article 8 que le parti Baas, au pouvoir depuis 1963, est “le dirigeant de l'Etat et de la société”. Le nouveau texte propose de supprimer cette clause mais précise qu'il sera “interdit de créer des partis sur des bases religieuses, confessionnelles ou raciales”. La suppression de cet article était l'une des revendications essentielles des opposants au début du mouvement de contestation à la mi-mars 2011. Mais, ils réclament désormais le départ pur et simple du président Bachar al-Assad du pouvoir. Sur le terrain, la liste des morts s'est encore allongée. Homs, surnommée la “capitale de la révolution”, restait pratiquement coupée du monde, tandis que les combats meurtriers entre déserteurs et armée redoublaient de violence. Selon l'ONG syrienne (OSDH), 450 civils, dont 29 enfants, ont été tués à Homs depuis le 3 février, et des centaines de blessés graves sont bloqués dans la ville et privés des soins adéquats. Et l'organisation a exprimé son inquiétude pour la ville de Hama, où des renforts militaires ont été envoyés et où toutes les communications étaient coupées. Dans ce contexte, le CNS (Conseil national syrien) fait assumer sa responsabilité à l'ONU qui devait se prononcer sur un projet de résolution condamnant la répression, moins de deux semaines après le blocage par un double veto de la Russie et de la Chine d'un texte similaire au Conseil de sécurité. L'adoption du texte arabe par l'AG a une portée surtout symbolique, elle isole davantage les alliés de Damas détenteurs du droit de veto. Moscou a demandé plusieurs amendements au nouveau projet exploitant le fait que la communauté internationale reste assez divisée sur la Syrie. Les Occidentaux étudient la proposition d'une force de paix, avancée par la Ligue arabe mais le SG de l'Otan, Anders Fogh Rasmussen, a répété que l'Alliance n'avait absolument aucune intention d'intervenir en Syrie. La France, très active sur le dossier, certainement pour des raisons électoralistes, souhaite que l'ONU discute de la création de “couloirs humanitaires” pour permettre aux ONG d'atteindre les zones qui font l'objet de massacres “absolument scandaleux”, mais la Russie a répliqué que cela ne pourrait se faire qu'avec l'accord de toutes les parties syriennes. L'Egypte a appelé à un changement pacifique et réel chez son voisin, et au préalable à l'arrêt immédiat des violences contre les civils. Le Caire rejette toute intervention militaire. Le gouvernement britannique et le Vatican ont lancé un appel conjoint pour un arrêt immédiat des violences et la Suisse a annoncé qu'elle allait fermer son ambassade à Damas, comme l'ont fait les pays du Golfe et la Tunisie. En visite à Lisbonne, le ministre tunisien des AE, Rafik Abdessalem, a expliqué que son pays chercherait à dégager un consensus et un message unifié lors de la conférence du “groupe des amis du peuple syrien” qu'elle accueillera le 24 février. Dans le même temps, des responsables américains ont évoqué l'inquiétude de Washington sur l'avenir des stocks d'armes chimiques et des milliers de lance-roquettes qu'ils soupçonnent la Syrie de posséder ! Le syndrome des armes de destruction massive est-il en marche ? D. B