La décision de la Banque d'Algérie de dévaluer de la monnaie nationale par rapport à l'euro n'a pas tardé à avoir des répercussions sur les transactions commerciales des opérateurs économiques. Le taux de change commercial pratiqué cette semaine au niveau des banques est de 103 DA pour un euro et de 77 DA pour un dollar. Selon un banquier, cette tendance prévaut depuis quelques semaines déjà. Par rapport à 2011, notre interlocuteur nous indique que la moyenne était de 98 DA pour un euro. Même chose pour le taux de change des particuliers. Durant la journée du 20 février, soit lundi, l'euro s'échangeait pour 107,38 DA. Quant au dollar, il était à 78,04. Notre source précisera toutefois que sur les bourses internationales, le dinar est plus valorisé, ajoutant qu'il s'échange à 95 DA pour un euro. Pr Lamiri : “On a dévalué le dinar pour décourager le importations”. Pour l'expert en économie, Abdelhak Lamiri, “techniquement ce qu'ils font à la banque centrale s'apparente à une dépréciation, puisqu'ils laissent le dinar glisser en fonction de l'offre et de la demande. Donc, lorsqu'ils constatent que le montant donné de devises qu'ils mettent à la disposition des clients s'avère insuffisant, ils font en sorte de baisser le cours du dinar, et comme les importations sont en train de plafonner (on va vers 50 milliards de dollars), ils sont en train de tout faire pour décourager l'importation”. Selon lui, “c'est probablement cela qui fait qu'ils ont laissé le dinar se déprécier”. M. Lamiri estime que la banque centrale a vu le côté demande et sortie de devises qui s'accroît chaque année. “Il ne faut pas oublier qu'en 2000 les importations se situaient à 10 milliards de dollars, maintenant on est à 47 milliards. C'est presque cinq fois plus. Donc c'est ce qui a fait que la banque centrale a essayé de réduire un peu la valeur de la monnaie pour décourager les importations.” Concernant l'impact de cette baisse de la valeur de notre monnaie, l'expert indique qu'“elle aura un impact pour une période”, ajoutant que quand on prend une décision économique, il y a toujours des avantages et des inconvénients. Parmi les inconvénients cités par Pr Lamiri, l'on trouve l'inflation. “On va recenser une augmentation des prix, surtout pour les produits qui ne sont pas de première nécessité, parce que les produits de première nécessité sont subventionnés et stabilisés. Les autres produits vont connaître une augmentation de 10%. L'inconvénient aussi, c'est que même les équipements de production pour les investisseurs, ceux qui achètent la matière première ou des équipements pour produire, seront plus chers et cela va se répercuter sur les prix des produits fabriqués en Algérie.” Par ailleurs, l'aspect positif, selon Pr Lamiri, “c'est que ça permet de réduire les importations. Cela permet de rendre le produit local plus compétitif. Cela permet aussi d'aider l'exportation hors hydrocarbures qui reste très faible”. Pr Lamiri : “Vers une hausse des prix des équipements et des matières premières. Effet boule de neige sur les produits fabriqués localement” Pendant cette période de dévaluation du dinar, le marché parallèle a également explosé. Au marché parallèle, le dinar est échangé avec un taux dépassant 140 DA pour un euro. Il était échangé cette semaine 145 DA à l'achat. Le billet vert a connu également une tendance haussière. Il se négocie actuellement à 101 DA. Selon les cambistes du square Port Saïd, haut lieu de change parallèle, cette hausse du taux de change est le résultat direct de la dévaluation du dinar opéré par les pouvoirs publics. Il y a quelques semaines, explique l'un d'eux, le taux était à 142 DA pour un euro. S. S.